lundi 21 décembre 2009

Le grand rabbin de France espère que l'Eglise renoncera à béatifier Pie XII

Le grand rabbin de France, Gilles Bernheim, a déclaré dimanche espérer que l'Eglise catholique "renoncera" au projet de béatifier Pie XII, la décision du pape Benoît XVI de proclamer vénérable Pie XII s'inscrivant selon lui "aux antipodes du dialogue judéo-chrétien".

"Compte tenu du silence de Pie XII pendant et après la Shoah, je ne veux pas croire que les Catholiques voient en Pie XII un exemple de moralité pour l'humanité. J'espère que l'Eglise renoncera à ce projet de béatification et qu'elle fera ainsi honneur à son message et à ses valeurs", selon la position du grand rabbin diffusée par communiqué.

La décision de Benoît XVI "de proclamer vénérable Pie XII concerne d'abord les Catholiques qui sont libres de lui donner ou non leur assentiment" mais "elle s'inscrit aux antipodes du dialogue judéo-chrétien commencé dès 1945 et activement soutenu par l'Episcopat français", ajoute Gilles Bernheim.

"Depuis plus de 40 ans, le projet de béatifier Pie XII, qui a été introduit par Jean XXIII et Paul VI, n'a cessé de susciter controverses et déceptions sur ce qu'il représente symboliquement. Aujourd'hui, la réalisation ou non de ce projet est devenue le symbole de ce que Benoît XVI fera de sa papauté", écrit encore M. Bernheim.

Le pape Benoît XVI a proclamé samedi "vénérables" deux de ses prédécesseurs, Jean Paul II et Pie XII, suscitant pour ce dernier des protestations des communautés juives de Berlin et Rome. Israël a demandé dimanche l'ouverture des archives du Vatican sur la Seconde Guerre mondiale.

(Source AFP)

mercredi 2 décembre 2009

Minarets : l'Europe doit changer son regard sur l'islam

Toute décision qui aboutit à donner moins de droits aux fidèles d'une religion qu'aux fidèles d'une autre religion est une décision injuste. Ceci vaut en Suisse comme dans le reste du monde. Je suis contre l'interdiction de construire des minarets, qui a été votée en Suisse.

Quand on affirme un tel principe, il est nécessaire d'en poser le cadre. Loin de moi l'idée d'une surenchère de revendications particulières prenant pour seul argument le fait que la religion d'en face a plus ou mieux. Mon cadre est celui de la République, de la laïcité et de la Déclaration universelle des droits de l'homme qui prévoit, dans le même article, «la liberté de pensée, de conscience et de religion».

Chaque pays a une histoire religieuse. Vouloir balayer cet héritage serait un non-sens. En France, il y aura toujours davantage d'églises que de mosquées, synagogues et pagodes réunies. Ce qui est problématique dans la question posée aux Suisses, c'est la discrimination qu'elle instaure en autorisant la construction de clochers et de hauts édifices par les autres religions que l'islam. Jadis il est arrivé qu'on interdise aux juifs de construire des synagogues plus hautes que l'église : c'était défendre le principe d'une religion dominante, ce n'était pas déclarer l'autre religion indésirable.

Aujourd'hui, certains s'interrogent sur la conformité de la question posée avec des engagements internationaux signés par la Suisse. Mais si la question est viciée, alors pourquoi l'avoir posée ? La démocratie est-elle si mal en point que son paroxysme - l'initiative ou référendum populaire - puisse ainsi se tourner contre elle, sans quelqu'un pour bloquer la mécanique infernale ? L'affaire des minarets suisses a commencé en 2006, l'initiative populaire a été lancée en mai 2007 et les 100 000 signatures requises ont été déposées en juillet 2008.

Le «refus du minaret » demande à être analysé. Ce sera fait. On peut déjà envisager quatre motifs. D'abord une défense de l'identité chrétienne qui se trompe de méthode : remplir les églises serait plus utile que de réduire la visibilité des mosquées. Motif contraire, un refus du religieux : on ne craint plus l'église, bien discrète, on ne craint pas la synagogue, qui ne s'adresse qu'à son petit groupe. On craint la mosquée, réputée fervente et recruteuse.C'est le vieux «défense à Dieu d'entrer» que Victor Hugo attribue à Caïn après le meurtre de son frère, qui avait le premier rendu un culte. Motif plus obscur, sans doute plus fort : un vieux peuple qui n'a plus guère d'enfants se voit concurrencé sur sa terre par des nouveaux venus plus féconds. La crainte, enfin, d'une violence islamique à laquelle on fournit pourtant, par ce genre d'attitudes, des armes nouvelles.

Certains condamnent les résultats du vote et la majorité des Suisses qui auraient mal voté. Je pense, au contraire, que l'opinion des Suisses doit être entendue même si, encore une fois, je suis en désaccord avec elle. Nous, autorités de toutes religions, mais aussi les pouvoirs publics et les journalistes avons failli à notre mission de dialogue, de lutte contre les préjugés et de construction d'un avenir commun.

Il serait déplacé de dresser ici la liste des actions menées en France pour le dialogue. De toute façon, on ne dialogue jamais assez et on ne va jamais assez au devant de l'autre. Mais encore faut-il que l'autre ouvre sa porte et qu'il souscrive au cadre républicain. Et aussi que le curé, l'imam ou le rabbin soit le bienvenu dans les lieux de culte qui ne sont pas les siens. Soyons honnêtes et lucides, de grands progrès sont ici à accomplir.

D'autres, encore, ont agité le spectre d'un retour de bâton qui pourrait venir des pays où l'islam est majoritaire ou religion d'État. Les scènes de rue et les débordements de violence qui ont suivi la publication de caricatures par un magazine danois, sont désormais ancrés dans un inconscient collectif. Si elle devenait réalité, la menace d'un retour de bâton ne ferait que renforcer les convictions des Suisses qui ont voté pour l'interdiction. Et elle aurait le même caractère injuste que le vote suisse.

Depuis dimanche, les sondages se multiplient sur Internet, en France et dans les autres pays. Même si l'instrument est imparfait, l'approbation du vote suisse y est majoritaire. Et parmi les minoritaires qui désapprouvent le vote suisse, il en est toujours qui ajoutent dans la même phrase qu'ils ne sont pas, pour autant, favorables à la construction de minarets.

Aujourd'hui, il nous faut agir afin que les Européens - et pas seulement les Suisses - changent d'opinion sur l'islam. Cette obligation vaut pour les responsables de toutes les religions. Elle nécessite dialogue et ouverture. Une partie de l'action est à mener ici en Europe. Une autre partie est du ressort des pays musulmans. Il serait illusoire d'espérer ici des résultats massifs, sans changement visible là-bas.

Gilles Bernheim, grand rabbin de France

Tribune publiée dans Le Figaro : http://www.lefigaro.fr/editos/2009/12/03/01031-20091203ARTFIG00019-minarets-l-europe-doit-changer-son-regard-sur-l-islam-.php

samedi 28 novembre 2009

S'interroger sur une identité, écrivait Emmanuel Levinas, c'est déjà l'avoir perdue. Qu'est-ce que l'identité ? La question, beaucoup agitée ces derniers temps, est celle d'une "identité nationale". Question moderne, narcissique, liée aux pratiques de l'image comme autant de récapitulations au crépuscule.

Depuis des décennies, les décideurs et faiseurs d'opinion de tous niveaux ont clamé sur tous les tons, à propos de tous les sujets, qu'il fallait "changer" ; ils ont à l'envi pratiqué l'autodérision ou l'autoflagellation. Comment, brusquement, s'aviser d'être fidèles à une idée nationale, après avoir invité à se fondre dans un grand ensemble vague dont les frontières varient tous les jours, et après avoir stigmatisé comme "repliement frileux" toute réticence à cette perspective incertaine ? Il est facile d'ironiser et de prévoir paisiblement la catastrophe.

Reste que nous sommes embarqués sur l'esquif dans la tempête et ne pouvons, comme Jonas, nous désintéresser du salut commun. Reste que chacun comprend bien l'affolante perte de repères dont on veut parler, quelles que soient les arrière-pensées conjoncturelles, quand on se soucie d'un déficit d'identité nationale. Certains aujourd'hui interrogent le judaïsme et le peuple juif comme incarnant un modèle de persévérance dans son identité, un modèle de permanence. Le judaïsme, qui a traversé les siècles et les millénaires dans la fidélité à son message universel, qui a témoigné d'une incontestable compétence dans la transmission de l'identité, peut sans doute participer à renseigner notre société sur la question de la permanence et des fondements de l'identité.

L'identité, qui implique répétition, relie un passé à un présent et les projette dans l'avenir. Ce qui rattache au passé et que l'école enseigne : l'histoire, la géographie, la langue, les mythes collectifs. D'où la question de la possibilité d'intégration de ceux, chaque jour plus nombreux dans le corps national, qui n'ont pas les mêmes références. Le Livre biblique de Ruth montre la démarche de celle ou celui qui désire, à titre personnel, se joindre à un autre peuple et en assumer à son tour l'héritage. Il y eut l'assentiment du coeur et de l'âme de celle qui a dit : "Ton peuple sera mon peuple." Il est bien sûr utopique de transposer une telle attitude au niveau collectif ou bien lorsqu'il s'agit de populations entières. Il est néanmoins possible de tirer des enseignements à partir de modèles individuels, qu'ils soient bibliques ou non.

Toutes les communautés juives, si pauvres et menacées fussent-elles, ont entretenu une école et des maîtres comme une priorité absolue. L'école est le lieu décisif de la formation d'un esprit collectif. Le judaïsme a toujours érigé pour les adultes la nécessité de l'étude quotidienne des textes, le devoir d'instruction et de formation.

L'histoire. L'éducation nationale en a sans cesse réduit les horaires au profit des matières plus techniques. Les juifs, quant à eux, ne cessent de commémorer les grandes étapes de leur histoire. Non pas avec orgueil et complaisance, mais dans le souci de rendre grâce pour ce destin unique, d'approfondir les significations et de prendre conscience de leur attachement à cette histoire qui les a faits ce qu'ils sont. De manière analogue, osons dire que non seulement l'histoire de France ne peut pas être réduite sans dommage au ressassement morbide et unilatéral des pages noires de l'histoire contemporaine, mais qu'elle doit aussi enseigner à estimer et à aimer.

S'il faut évidemment dire que la France, battue et envahie en 1940, eut alors un gouvernement antisémite et faible ou complaisant devant l'occupant et que des juifs sous uniforme français en 1914-1918 furent déportés par d'autres Français vers les camps nazis, il ne faut pas oublier de dire que les combattants de l'intérieur et les Français libres furent héroïques et qu'une majorité des juifs de notre pays a échappé aux nazis grâce à des Français. Tout ce qui peut contribuer à une forme d'identification positive à une origine et à une destinée commune doit aussi être dit.

Mais le point de vue narratif doit toujours favoriser une capacité d'identification pour que des hommes venus d'ailleurs trouvent leur place ici. Nous voyons à cet égard des évolutions évidentes et heureuses. S'agissant de l'histoire des musulmans, ils étaient naguère des ennemis lointains, aux confins des programmes (bataille de Poitiers, croisades, chute de Constantinople et menace ottomane à l'âge moderne), ou sujets coloniaux. Ils partagent aujourd'hui une histoire commune pour avoir non seulement transmis, mais encore fait progresser la pensée et la science grecques que redécouvrit l'Occident médiéval. Pour avoir eu leur lot de misère et d'héroïsme dans les guerres mondiales.

La langue. Chacun connaît le nom de Theodor Herzl. Un autre nom n'est pas moindre dans l'histoire du sionisme : Eliezer Ben Yehuda, lexicographe de l'hébreu, un "illuminé" qui prétendait ne s'exprimer qu'en hébreu alors que cet idiome était depuis longtemps confiné aux travaux savants, aux études sacrées et à la poésie. Cet illuminé a eu raison contre toute raison. On peut tout espérer de l'intégration par la langue.

Toute langue donne le monde à ceux qui la parlent ; d'où la gravité du manquement qu'il y aurait à ne pas assurer à tous la parfaite maîtrise d'une langue. A l'école, au collège ou au lycée de donner à la grammaire et aux lettres le temps qu'il faut, éveiller l'amour des mots et des textes, développer le scrupule du terme et de la tournure justes qui expriment la pensée juste. Naturellement, l'école, ce n'est pas un monde clos.

Que pourront les maîtres s'ils doivent aller à contre-courant de l'information, de la publicité, du discours officiel et forcer une indifférence générale ? Si la France redoute, non sans raison, de perdre ses valeurs décisives, elle doit se regrouper autour de son école et honorer ses maîtres. Autre enseignement du judaïsme : on peut être le tenant indéfectible d'une fidélité lointaine, tout en étant loyal envers un sol sur lequel on n'est pas né. Les juifs en Occident ont fait la preuve que l'on peut être à la fois bon citoyen, plus que cela, attaché à son pays, et conserver le souvenir vivace et le respect d'une origine plus lointaine.

Mais l'identité n'est pas qu'un héritage. Celui-ci ne vaut que pour autant qu'il nourrit un projet. Il n'y a pas d'identité française sans projet français : être d'un peuple qui se fait gloire d'avoir souvent parlé et pensé juste, qui en sa longue histoire s'est montré brave et fécond en inventions, qui a porté haut de grands principes qui ont éclairé le monde, qui continue d'offrir un refuge relatif contre bien des misères et des violences, tout en s'efforçant de se gouverner selon le droit plutôt que selon l'arbitraire. Ce projet français peut être, pour les jeunes, un programme exaltant s'il est sans relâche expliqué et illustré.

Et puis ne faut-il pas se demander si l'Occidental en général, ou le Français en particulier, réputé "cérébral", ne s'est pris pour un pur esprit ? Renoncement délibéré aux grands rites citoyens, aux cérémonies et aux formes. Et par ailleurs une prétendue lucidité critique qui s'exprime sans égard aux circonstances et au public. Tout cela alimente un climat désabusé et le dénigrement de tout par tous, ce fameux "mal français". Il faut donner à l'imagination sa part. L'homme a besoin de cérémonies, de symboles, et même du ressassement des évidences. Pour le juif, la loi et les rites publics ou familiaux pourvoient à cela. Le citoyen n'a pas moins besoin de symboles forts, de décorum, de gravité, d'une pédagogie du respect. La nation est portée par ses rêves.

Gilles Bernheim, grand rabbin de France

tribune parue dans Le Monde

http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/11/28/la-nation-par-les-reves-par-gilles-bernheim_1273480_3232.html

mardi 16 juin 2009

Séminaire rabbinique: Conseil d'administration

Les nouveaux entrants au conseil d'administration de l'Ecole Rabbinique sont:
  • Rachel Cohen, ancienne directrice de l'école de l'Alliance à Pavillons sous Bois
  • Claude Riveline, professeur de gestion des organisations à l'Ecole des Mines de Paris
  • Jo Toledano, directeur de l'Alliance Israelite Universelle

Ces nominations semblent être le premier résultat d'un comité de reflexion sur l'avenir de l'Ecole Rabbinique qui s'est déjà réuni 2 ou 3 fois.

mardi 2 juin 2009

Défendons le Séminaire Rabbinique - Le dernier Congrès Rabbinique

Ci dessous un message qui circule sur facebook suite au congrès rabbinique 2009; toute explication de texte sera la bienvenue...

Le dernier Congrès Rabbinique a été l'occasion de montrer combien les Rabbins et Elèves Rabbins étaient soudés derrière leur Directeur du Séminaire, le Rav Gugenheim, éminente personnalité sur le plan civil et religieux en France et dans le monde. Y compris pour les plus brillants d'entre eux, souvent ultra diplômés de l'Université.

Les tentatives de professeurs en retraite de "révolutionner" le Séminaire ne répondent en rien ni aux besoins des Rabbins, ni à leurs préoccupations, et encore moins aux besoins des juifs de France, peu soucieux de voir leurs rabbins formés comme "des armateurs ou des marins". Ce qui semblait être le souci de professeurs nommés, on l'espère très provisoirement, au Conseil d'Administration du Séminaire. Par ailleurs ces dits professeurs ont voulu présenter un programme de "formation continue" dont d'ailleurs, le contenu contredisait la définition qu'ils ont tenté d'en donner.

Les élèves Rabbins ont surtout besoin d'une solide formation rabbinique et, pour ce qui concerne un support en matières profanes, souhaitent en définir les termes avec le Rav Gugenheim, sans intervention méprisante de professeurs venus soudainement (et à plus de 70 ans) s'occuper d'eux, non sans avoir méprisé dans la presse depuis des années leur actuel cursus...

Tous souhaitent que le Grand Rabbin de France Gilles Bernheim qui fait la fierté de notre communauté réussisse les nécessaires réformes à son programme. Ils espèrent à cet effet que ses équipes de conseiller soient en synergie avec eux afin que le "Team Rabbins" reste soudé autour de lui, pour une réussite et un rayonnement du judaïsme de France.

mardi 21 avril 2009

Gilles Bernheim, chevalier de la légion d'honneur dans la promotion de Paques 2009

Gilles Bernheim a été nommé chevalier de la légion d'honneur par un décret du 10 avril 2009 (http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=?cidTexte=JORFTEXT000020506686&dateTexte=&oldAction=rechJO)

extrait:

M. Bernheim (Gilles, Uriel), grand rabbin de France ; 31 ans d'activités cultuelles.

jeudi 26 février 2009

Les internautes hostiles à Bernheim

Les très nombreuses réactions d'internautes à l'interview donnée au Monde par le Grand Rabbin Rabbin de France Gilles Bernheim constituent-elles un indicateur de la montée d'un climat défavorable aux Juifs ? Sur 126 internautes ayant réagit sur le site du Monde, près de la moitié ont manifesté une hostilité et une agressivité particulières à l'encontre du Grand Rabbin de France et de la communauté juive en général.

source: Actualité Juive, 19 février 2009

mercredi 4 février 2009

Discours de Joël MERGUI

Discours du Président du Consistoire Central de France, Monsieur Joël MERGUI
Investiture du Grand Rabbin de France Gilles BERNHEIM
le 1er Février 2009 à la Synagogue de la Victoire

Monsieur le Représentant du Président de la République
Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement
Messieurs les Ambassadeurs
Monsieur le Grand Rabbin de France Gilles BERNHEIM
Monsieur le Grand Rabbin Joseph SITRUK
Monsieur le Grand Rabbin René-Samuel SIRAT
Monsieur le Président d’Honneur du Consistoire Central
Monsieur le Grand Rabbin de Paris David MESSAS
Messieurs les Grands Rabbins et Rabbins
Mesdames et Messieurs les Parlementaires
Monsieur le Préfet de Police
Madame la Représentante du Maire de Paris
Madame la représentante du Préfet de la Région Ile de France
Mesdames et Messieurs les élus
Mesdames et Messieurs les Représentants des communautés religieuses
Mesdames et Messieurs les Membres des Consistoires
Mesdames et Messieurs les Présidents d’Institutions
Messieurs les Présidents de Communautés de Paris Ile de France et Province
Chers Amis

Suivant les traces de mes illustres prédécesseurs à la présidence du Consistoire central, je suis particulièrement fier et heureux d’inaugurer l’investiture officielle du Grand Rabbin de France, M. Gilles Bernheim.
C’est avec une émotion forte que j’ai le privilège et le plaisir de vous accueillir, Monsieur le Grand rabbin de France dans votre propre synagogue, dans notre si prestigieuse synagogue de la Victoire pour cette cérémonie solennelle.
Le Consistoire Central, en présence des Grands Rabbins, des Rabbins et des Présidents de Communauté de toute la France, vit aujourd’hui ce moment historique et rare.
Dans ces murs chargés de souvenirs, d’images et de sons, venus de siècles d’une présence ininterrompue des juifs de France, l’Histoire nous regarde.
Je tiens à vous remercier tous très chaleureusement de partager ce moment. Votre présence si nombreuse montre la place qu’occupent le Grand Rabbin, notre Institution et la Communauté juive dans la vie Française.
Je saisis avec bonheur ce moment pour regarder fièrement vers notre passé tout en me tournant avec espoir vers notre avenir.
Notre passé, c’est une histoire riche, passionnante, passionnée, parfois tourmentée, de plusieurs siècles de présence continue des juifs en France. Voilà deux cents ans que le Consistoire construit, organise et fait vivre la Communauté juive de France. Grâce à l’action extraordinaire menée sans relâche par tous ceux qui nous ont précédés.Ces personnalités éminentes de notre institution et de notre pays firent la grandeur du judaïsme de l’Hexagone et lui donnèrent ses lettres de noblesse. De David Sintzheim à Alain de Rothschild, en passant par Jacob Kaplan, René-Samuel Sirat, et naturellement Joseph Sitruk et Jean Kahn, chacun d’entre eux a marqué d’une façon indélébile le judaïsme français.
Malgré des parcours différents, ils partageaient tous la même ambition : mettre leur expérience, leurs compétences et leur enthousiasme au service de leurs coreligionnaires dans le cadre consistorial. Nous avons Monsieur le Grand Rabbin, la lourde responsabilité de prolonger cette action.

Mais avant cette nouvelle phase, prenons le temps de marquer tout le respect que nous devons à nos prédécesseurs directs :
Les six mois de transition écoulés, m’ont donné le privilège court mais si précieux de côtoyer dans mes nouvelles fonctions, M. Le Grand Rabbin Joseph ‘Haïm Sitruk qui fut à mes côtés depuis mes premières actions militantes et tout au long de ses trois mandats. C’est à un Maître, à un Grand Rabbin, à un ami que je veux dire merci en mon nom, - et au nom de la Communauté - toute notre reconnaissance. Durant ces 21 ans vous avez donné à notre Communauté une dimension considérable. Votre charisme et votre goût permanent pour les paroles de Torah auront chez beaucoup provoqué un retour à notre tradition. Vous avez été un inspirateur, un initiateur, un réalisateur : Que tous les enfants et les petits-enfants que vous avez bénis soient une bénédiction pour vous ! Je suis convaincu que vous saurez apporter votre soutien à l’action de votre successeur et à notre institution.

Jean Kahn, cher Jean, vous avez été le Président du consistoire dans la grande tradition française. Nul ne vous a approché sans être impressionné par votre sagesse issue d’une culture remarquable, d’une curiosité insatiable, et d’un goût immodéré pour l’Histoire. Votre engagement pour le judaïsme a été sans faille et la communauté juive de France vous sera toujours redevable pour tout ce que vous avez fait pour elle au cours d’une vie passée sans compter à son service. Votre présence à mes côtés en tant que Président d’Honneur est un privilège rare que j’apprécie à sa juste valeur. J’ai conscience de la responsabilité qui m’incombe de vous succéder et de faire face aux défis multiples des communautés juives de France fédérées par notre institution.

Aujourd’hui, un Grand Rabbin ashkénaze succède à un Grand Rabbin séfarade. Parallèlement un Président séfarade succède à un Président ashkénaze. Changement, évolution, révolution ? Non je ne crois pas, nous portons les mêmes valeurs avec des accents différents. Pour nos enfants, ces nuances s’estompent. Ils sont porteurs d’une diversité extraordinaire qui contribue au renouveau et la particularité du judaïsme français que nous avons la responsabilité et le devoir de faire vivre. C’est ce judaïsme pluriel qui comme moi, comme toute la Communauté depuis six mois vous attend, Monsieur le Grand Rabbin. Nous sommes porteurs d’un trésor millénaire. C’est notre responsabilité de tendre la main à chacun, à chaque juif quel que soit son niveau de pratique et son type de pratique pour que la flamme continue, encore et toujours. Combien d’hommes, de femmes n’ont plus voulu se dire juifs après la Shoah, une des conséquences invisibles de la Shoah. Nous devons retrouver leurs petits-enfants et les guider, leur donner envie de redécouvrir leur identité. Parfois, inconsciemment ils n’attendent qu’un signe pour faire le chemin. J’aurai le sentiment du devoir accompli le jour où tous les Juifs de France, quelles que soit leurs origines, leur catégorie sociale, leur lieu d’habitation, leur sensibilité politique et leur degré de pratique se reconnaîtront et se sentiront concernés par notre action, par notre identité, par notre institution. Nous voulons être une institution au sein de laquelle pourront se retrouver tous ceux qui ont choisi d’interroger leur identité. En un mot, je conçois le Consistoire comme un lieu d’ouverture et de rassemblement Le judaïsme français a évolué, ses attentes aussi.

Homme d’ouverture et de dialogue, M. Le Grand Rabbin, Cher Gilles Bernheim, vous saurez renouer des liens pour aider ceux qui recherchent leur identité. Chaque fois qu’une personne retrouve le chemin de la synagogue pour étudier, pour prier, pour chanter, c’est toute la Communauté qui est renforcée.
Dans nos centaines de synagogues, comme dans notre institution, la lumière ne s’éteint jamais. Notre responsabilité opérationnelle de centaines de communautés en France et de plus encore de synagogues et de lieux de culte, qui constituent l’âme même du judaïsme français, nous confère le devoir et la légitimité d’exprimer haut et fort, autant que nécessaire les préoccupations et attentes, les aspirations de la Communauté juive de France. J
e voudrais rendre ici hommage à tous les Rabbins et présidents qui rendent possible la vie juive dans leur quartier, dans leur ville, parfois dans des conditions difficiles.
Les événements récents nous l’ont rappelé et nous interpellent. Force est de constater que l’hostilité contre nous n’a pas désarmé, que l’antisémitisme n’est pas, comme on a pu parfois le penser, un phénomène disparu. Loin de nous l’idée de dramatiser la situation, mais nous ne la sous-estimerons pas ! Pour dire les choses très clairement, nous ne voulons pas que nos synagogues et nos écoles soient des forteresses protégées vivant sous la menace.
Quelle menace ? Ne sommes-nous pas en France ? Nous souhaitons simplement que nos synagogues soient reconnues pour ce qu’elles sont : des lieux de culte qui prônent aussi les valeurs républicaines de la France. Notre communauté a toujours su et voulu exprimer sa solidarité avec Israël. L’amour indéfectible que nous portons à la France, notre pays, n’est pas antinomique avec celui que nous ressentons pour Israël, qui incarne nos racines, notre histoire et notre héritage religieux.
Israël est notre source spirituelle. Voilà trois mille ans qu’Israël fait battre le cœur de tous les juifs du monde.
Je tiens ici à saluer la présence exceptionnelle avec nous aujourd’hui du grand rabbin d’Israël Rav Metzger qui témoigne ainsi par sa venue des liens très étroits entre la Communauté juive de France et Israël. Depuis la création de l’Etat d’Israël, ce lien a été renforcé par une proximité physique et familiale. Chacun ici, a un membre de sa famille en Israël. Entre Israël et la France, grâce notamment à la Communauté juive, s’est ainsi créé un pont tissé d’amour et d’amitié. Israël est une démocratie exemplaire partageant les mêmes valeurs humanistes que notre pays. Nous ne pouvons rester muets lorsqu’Israël subit des attaques ou que son existence est discutée ou menacée, que sa capitale Jérusalem est contestée.
Gilad Shalit otage franco israélien est naturellement présent dans nos prières de ce jour. Vous le voyez, dans ce climat difficile s’ouvrent devant nous de nombreux défis. Je n’en citerai que trois majeurs à mes yeux.

Tout d’abord, le défi de la jeunesse, sans doute le plus important. Il y va de l’avenir et de la pérennité du judaïsme français dans la fidélité aux valeurs de notre Histoire, de notre Torah, de notre Peuple. Cette jeunesse qui traverse depuis quelques années des moments difficiles mêlés d’inquiétudes souvent, de colères parfois, mais qui garde en permanence la dignité et la sagesse dont nous, leurs aînés, pouvons être fiers. Il, nous appartient d’être à leur écoute, de répondre à leurs attentes et de faire en sorte qu’ils continuent avec joie et espérance leur chemin au sein du Peuple juif dont ils sont la lumière. Nous avons les structures et je sais, monsieur le Grand rabbin qu’avec votre expérience notamment d’ancien aumônier de la jeunesse vous leur donnerez vie et élan.

Ensuite, le défi de la place des juifs de France dans la Cité, c'est-à-dire avant tout de notre bien vivre ensemble. Votre action au sein de Torah et Société ainsi que votre vice Présidence de l’Amitié judéo Chrétienne montre que vous appartenez à une tradition particulièrement respectueuse du dialogue républicain, de la laïcité, vous êtes et vous serez « le rabbin dans la cité ». Le dialogue interreligieux que vous avez toujours défendu est indispensable pour replacer le judaïsme dans une perspective d’ouverture et d’universalité.

Enfin, le défi de l’avenir de nos communautés partout en France, le cœur même du judaïsme français. J’entends par là, le défi des structures, du fonctionnement, des réformes des projets de nos communautés, des plus modestes aux plus importantes. La formation et les statuts de nos rabbins ; Le fonctionnement du Séminaire Israélite de France dont vous êtes issu, Monsieur le Grand Rabbin. Vous en connaissez tous les aspects, son importance et vous aurez à cœur de continuer sa refondation et sa modernisation; La solidarité au sein et entre toutes nos communautés à travers le pays; La sauvegarde de nos synagogues et de notre patrimoine; Les conditions pour une pratique libre et respectueuse du judaïsme pour chaque juif de France. La sauvegarde de la mémoire de la Shoah et la lutte contre le négationnisme qui doit être sans relâche combattu et sans discussion, c'est un crime à la Mémoire des millions de martyrs morts et des vivants. Tout ceci dans un travail conjoint et unitaire avec les grandes institutions juives françaises. Dépassant le cadre communautaire, votre parole renforcera l’affirmation identitaire de nos familles dans une société multi culturelle et multi cultuelle.Il n’y a pas antagonisme, il y a complémentarité.

Voilà pourquoi vous êtes Grand Rabbin de France et non pas seulement Grand Rabbin des Communautés juives de France. Vous êtes aujourd’hui le cœur et le guide spirituel du Consistoire, et par là même de l’ensemble des juifs de France.

Le 22 juin dernier pour la première fois nos deux élections se déroulaient le même jour avec la même assemblée des représentants de toutes les communautés juives de France. Je veux y voir le signe que, plus que jamais, nous avons la noble mission de travailler ensemble, pour faire avancer les dossiers majeurs qui préoccupent notre communauté, pour donner ce nouvel élan et ce nouveau souffle à la plus importante et la plus vivante des communautés juives d’Europe.

Notre devoir d’exemplarité et de conviction devra être sans faille, au regard de tous les présidents et rabbins qui animent avec dévouement les communautés juives de France, au regard de nos coreligionnaires, au regard de tous les français. Je remercie tous ceux, juifs et non juifs, qui, mus par ce nouvel élan nous rejoindront pour accompagner nos efforts.

Qu’il me soit permis aussi de remercier mon épouse et ma famille de leur soutien indispensable à mon action au service de nos communautés et de notre institution. Je sais, Cher Grand Rabbin Gilles Bernheim, la vigueur de votre engagement pour réussir. De par votre histoire personnelle, votre parcours universitaire et rabbinique, vos connaissances intellectuelles et religieuses, vos qualités humaines d’écoute, de respect, de tolérance et de compréhension, je sais que vous saurez répondre aux attentes importantes qui sont placées en vous. Soyez certain qu’avec le dévouement du conseil du Consistoire Central, je vous soutiendrai de toute mon énergie.

Nous avons ensemble une mission unique, complémentaire et essentielle. Face aux défis de ce siècle tourmenté, nous avons à transmettre le message irréductible du peuple juif : celui de l’espoir et de l’engagement porté par l’éthique du judaïsme.
Telle est notre mission commune que nous avons le devoir de réussir. Pour la France et pour les Juifs de France.

Discours du Grand Rabbin Joseph Haïm SITRUK

Discours du Grand Rabbin Joseph Haïm SITRUK
Investiture du Grand Rabbin de France Gilles BERNHEIM
le 1er Février 2009 à la Synagogue de la Victoire

Cher Grand Rabbin Gilles Bernheim, mon ami, car nous nous connaissions bien avant que notre parcours se retrouve sur les pentes de ski lors de colonies organisées ensemble. C’est pourquoi l’amitié dépassera tous les titres et les circonstances.

Nous avons une merveilleuse communauté. Aujourd’hui c’est avec émotion et espérance que je vous confie ce joyau. Vous aurez à cœur de lui conserver ses vertus qui sont à la fois son unité exceptionnelle autour de vous, sa fidélité à la France indéfectible, son amour pour Israël, exceptionnel, mais aussi ce qu’elle a prouvé pendant ces dernières décennies, un attachement tout à fait hors du commun aux valeurs de notre tradition.

Et voilà que vous aurez avec l’aide de D… la possibilité de lui donner une nouvelle impulsion. Pour cela vous disposez, outre vos qualités brillantes, d’un atout exceptionnel en la personne du nouveau Président du Consistoire Central qui vient de vous dire toute l'espérance qui était la sienne, Joël MERGUI, décidé à travailler en étroite collaboration avec vous et vous saurez que c’est le gage de toute réussite pour un rabbin au niveau de responsabilité qui est désormais le vôtre.

Mais je crois que ce qui est encore beaucoup plus important que tout cela, c’est ce qui a pour ma part, motivé, toutes ces années au service de la communauté, c'est l’amour, l'amour. Les juifs sont des gens merveilleux ; il suffit de les aimer. Quand on leur porte amour et considération, ils révèlent chacun des capacités, un talent unique que vous saurez mettre au service de la grande communauté de France.

Je voudrais utiliser pour votre intronisation aujourd’hui, une image que m’inspire l’événement à venir dans notre calendrier, dimanche soir prochain, « Tou Bichvat », le nouvel an des arbres. En effet dans la Torah, l’homme est comparé à un arbre des champs. Le Maharal ajoute : « oui, un arbre des champs, mais dont les racines viennent du ciel ». C’est un arbre renversé, c’est-à-dire lorsque ses racines sont spirituelles, ses fruits sont terrestres.A l’inverse d’un arbre que l’on trouve dans toutes nos campagnes, l’homme est celui qui n’oublie jamais son origine divine et la nécessaire réalisation de toutes ses potentialités sur la terre. L’homme n’est pas seulement un être cérébré qui réfléchit mais un être qui agit, qui construit et grande est la tâche !

Je suis sûr que vous l’assumerez avec particulièrement de brio et de réussite.

Je tenais aujourd’hui, jour si important pour vous, à vous redire à la fois mon amitié mais aussi à vous adresser mes bénédictions. Que l’Eternel vous bénisse, vous protège et qu’Il vous fasse réussir dans toutes vos entreprises ! AMEN !

Discours du Grand Rabbin de France Gilles BERNHEIM

Cérémonie d'Investiture
1er Février 2009 à la Synagogue de la Victoire

Monsieur Christian Frémont, Directeur de Cabinet représentant Monsieur le Président de la République,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,

«Louez le Seigneur car il est bon,sa grâce est éternelle».

Louons le Seigneur car il est bon et par sa grâce, nous sommes tous réunis aujourd’hui pour nous rassembler et nous recueillir à l’occasion de ma prise de fonctions en tant que Grand Rabbin de France. Nous rassembler, prier afin que le Seigneur nous donne, à Joël Mergui, Président du Consistoire Central et à moi-même la force, le courage de porter haut l’étendard qui nous est confié aujourd’hui. De porter haut la responsabilité immense qui est nôtre désormais à l’égard de la communauté juive comme à l’égard de la communauté nationale. Que le Tout-Puissant nous donne le souffle, l’inspiration, la sagesse pour guider, inspirer, réunir. La sagesse juive sait profondément que l’élection, comme l’accession à une haute fonction, n’est pas tant un privilège que d’abord et surtout un surplus de charges, une formidable responsabilité.

Les plus grands parmi nos prophètes ont cherché à se dérober à la mission sacrée, à la responsabilité qui semblait irrésistiblement les requérir. Moïse, Jérémie, Jonas pour ne citer qu’eux ont reculé, effrayés par l’immensité de la tâche qu’ils sentaient s’imposer à eux, voyant leur vie, leur esprit et leur corps bouleversés définitivement, et arrachés à la tranquillité. Et ce pour être jetés dans l’arène du monde, de ses tourments, de ses souffrances, celles des hommes, nos frères.

Je ne me prends pas pour un prophète. J’ai d’abord hésité à m’engager, mais porté par le sentiment d’une urgence, d’une responsabilité à laquelle je ne pouvais me soustraire, je me suis porté candidat. Ce n’est pas la conviction qu’on est meilleur qu’un autre, c’est la conviction que ma formation, les responsabilités et expériences qui ont été les miennes jusqu’ici font de moi la personne qui se devait de répondre présent à l’appel. Répondre à l’appel de ceux qui attendaient un tournant, des réponses à l’urgence de situations nouvelles et préoccupantes.

La communauté juive m’a confié cette charge en vue de laquelle je suis officiellement investi aujourd’hui. J’ai été porté à cette fonction par une large majorité des suffrages. C’est un immense encouragement. À ceux qui n’ont pas porté leur choix sur moi, à ceux qui n’avaient pas confiance, je dis: on ne travaille pas, on ne réussit pas qu’avec ses amis. Je tends la main pour que nous réussissions à servir D-ieu le mieux possible, ensemble, au-delà des divergences. Les différences sont une richesse, et en ce sens, un gage de réussite. À l’image de cette innombrable assemblée réunie aujourd’hui dans cette grande synagogue pour vous honorer également cher Joël Mergui, pour nous honorer, non pas des hommes, mais une certaine idée de l’humanité, du judaïsme que vous Joël et moi-même voulons incarner dans le cadre d’une collaboration confiante et fructueuse.

Vous êtes tous réunis, assis ensemble, femmes et hommes de tous horizons, juifs et non-juifs, pour témoigner d’un espoir, pour appeler ensemble, que vous soyez croyants ou non, une bénédiction divine qui puisse rendre féconde la lourde tâche qui s’inaugure pour moi, pour nous, mon cher Joël. Cette immense assemblée réunie dans un même souffle est source de bénédiction. De bénédiction et de paix. D’espoir.

«Ah, qu’il est bon, qu’il est doux à des frères d’être assis ensemble, unis».

Ce si vaste rassemblement marque pour moi un désir et un espoir partagés de renouvellement, de changement, ensemble. Être assis ensemble, c’est un signe de paix, de chalom. La paix est le creuset de la bénédiction.

Le choix qui s’est porté sur moi est source d’espoir pour les uns, d’étonnement pour les autres. Certains peuvent avoir l’impression que je suis une personnalité atypique. Issu d’une famille juive de stricte pratique religieuse, j’ai été formé par l’école laïque et l’école juive, par le Séminaire israélite de France et par les écoles talmudiques en Israël. À côté de cela, j’ai cru devoir acquérir un solide bagage universitaire en philosophie. De plus, je me fais un devoir et une responsabilité de cultiver des relations fécondes avec des hommes et des femmes de tous horizons culturels, politiques, sociaux et religieux au sein de la République. Rabbin des étudiants, des universitaires, puis rabbin de la communauté qui prie et se rassemble ici, dans cette belle synagogue. Il est enfin notoire que j’entretiens depuis longtemps, en particulier au sein de l’Amitié judéo-chrétienne de France, un dialogue fructueux avec de hauts dignitaires de l’Église, mais aussi de l’Islam. Ce dialogue a récemment pris la forme d’un livre à deux voix avec mon ami, le Cardinal Barbarin, dont je salue ici la présence.

Non, je ne suis pas atypique. Je fais simplement bouger les lignes et voler en éclats les idées préconçues de ceux qui veulent des religions repliées sur elles-mêmes. En cela je ne fais que m’inscrire dans les marques de mes illustres prédécesseurs depuis l’institution du Grand Rabbinat; tous savants notoires dans les sciences religieuses comme dans les sciences dites profanes. Tous pétris d’une solide conscience démocratique et républicaine. Tous portés par un sens égal de leurs responsabilités à l’égard de leurs frères juifs comme à l’égard de la communauté nationale, et vivement engagés dans le dialogue et l’ouverture à autrui, dans le souci aussi bien de trouver un langage commun que d’œuvrer pour le bien commun.

C’est précisément parce que je souhaite m’inscrire au plus près de la vocation du Grand Rabbinat de France telle qu’elle s’est écrite depuis deux siècles que les suffrages se sont portés sur mon nom. La vie qui a été la mienne jusqu’à ce jour avec l’aide et la bénédiction de D-ieu, m’autorise, me donne capacité à répondre autant que possible aux attentes multiformes et aux urgences actuelles de la communauté juive de France. Notre communauté vit aujourd’hui sous l’emprise de deux forces contraires. Retour aux sources et à une pratique religieuse plus engagée, plus exigeante pour certains. Assimilation galopante et massive pour d’autres; assimilation qui nous bouleverse parce qu’elle menace la dynamique même du service que D-ieu nous a confié au bénéfice de tous les hommes. Le renoncement à la richesse de leur tradition chez une grande partie de nos frères juifs est source d’angoisse et de tristesse. C’est le risque d’une perte et d’une atteinte irréparable au bien commun de l’humanité, c’est le risque d’un affaiblissement, voire, que D-ieu nous en préserve, du tarissement d’une tradition spirituelle et d’une sagesse qui avaient traversé les siècles jusqu’à nos jours malgré les terribles épreuves et les inlassables persécutions subies par le peuple juif.

Les défis sont urgents et multiformes. J’ai pu le mesurer dans mes contacts nourris avec mes collègues rabbins, lors de mes visites pastorales des communautés juives de l’Hexagone. Le premier défi est évidemment interne pour le premier des rabbins de France. Former plus que jamais les rabbins à savoir s’adresser à toutes sortes de juifs, à parler un langage qui soit le leur. La sociologie des communautés a largement évolué. Il s’agit de tenir compte de l’attente de nombreux jeunes de tous horizons, soucieux de se rapprocher d’une pratique et d’une étude plus authentiques, plus riches, et qui attendent qu’on leur adresse un discours qui touche au plus près leurs préoccupations dans un monde en perte de repères.

Nous avons un immense défi à relever et je ne pourrais le relever qu’avec vous, mes amis rabbins, dont le dévouement exemplaire et la volonté d’élargir la capacité d’influence et d’attraction de notre tradition, est le gage de notre pérennité. Le judaïsme orthodoxe consistorial qui est représenté par le corps rabbinique ici réuni doit avoir des réponses claires, éclairantes sur les problèmes qui touchent les personnes au plus près de leur vie: conduites morales, rituelles, sociales, économiques…

Nous devons rappeler inlassablement les fondamentaux de notre vocation énoncés, martelés par nos prophètes, à l’exemple du prophète Michée :
«Homme, on t’a dit ce qui est bien, ce que le Seigneur attend de toi, rien que de pratiquer la justice, d’aimer la bonté et de marcher humblement avec ton D-ieu».

C’est cela être juif.

Mais nous avons aussi le défi de faire entendre à l’homme occidental quelque chose qui est souvent source de malentendus et qui, en même temps, nous semble faire gravement défaut à nos contemporains: le sens des rites, la valeur des rites. Non pour convertir, le judaïsme n’a jamais eu de vocation prosélytique. La grandeur d’une religion ne réside pas dans sa puissance de coercition mais dans sa capacité à donner à penser y compris à ceux qui ne croient pas en elle. De nos jours, l’idée qu’une identité puisse être portée par des gestes que l’on appelle des rites: manger cacher, respecter le chabbat répugne le plus souvent à l’Occident et ne lui évoque que fanatisme et intégrisme. Tout ce qui est de l’ordre de la contrainte pratique et rituelle apparaît le plus souvent comme antagoniste à une vraie vie spirituelle. Faut-il rappeler que les lois juives sont faites pour aider l’homme à advenir à son humanité et pour favoriser l’humanité d’autrui. Grandir et faire grandir. Être capable de relation et de transmission. Apprendre à parler et à écouter. À donner et à recevoir. Savoir regarder. Être en mesure de réparer un préjudice, toutes sortes de préjudices. Réconcilier. Donner du temps aux choses et aux rencontres.

Car si pour nous, juifs, le seul bagage est le Livre, notre Torah, le message qu’il nous demande d’assumer ne se situe pas dans un lointain et improbable avenir. Non, ce message s’accomplit maintenant, dans le quotidien de nos vies, dans le souffle des enfants qui étudient la Torah, souffle sur lequel, selon la Tradition, notre monde repose.

Pour relever tous ces défis, nous avons besoin de rabbins, de maîtres, toujours plus performants, pétris d’une profonde érudition dans la Loi et la Tradition, mais également d’une culture et d’une pédagogie qui permettent de rendre la loi juive plus proche, intellectuellement et émotionnellement.

Les défis qui s’imposent à nous concernent aussi la nécessité vitale de l’ouverture et du dialogue. Si l’Église manifeste un intérêt nouveau et croissant pour ses origines, et un désir profond de travailler à réduire la dramatique fracture qui a séparé sur deux millénaires juifs et chrétiens, la société civile est, elle aussi, en attente du peuple juif face aux inquiétudes actuelles. Nous devons répondre à ces demandes. C’est cela, aussi, être citoyen.

Nous, rabbins, devons répondre présents face au travail nécessaire de dialogue et d’amitié avec l’Islam. Poursuivre les prometteuses rencontres déjà engagées avec les dignitaires et penseurs musulmans à l’image du Recteur Dalil Boubakeur, m’inspirant en cela du comportement des plus illustres figures rabbiniques ayant traversé les siècles : de Maïmonide au Maharal de Prague, de Juda Halevi à S. R. Hirsch. Enjeu vital.

Je suis conscient d’accéder à cette responsabilité à un moment où les sociétés, en France, en Israël et partout dans le monde, sont en proie à de grandes inquiétudes qui réclament, de la part des responsables spirituels, des efforts et une vigilance renforcés.

Cette investiture a lieu dans une conjoncture économique difficile. Il est clair que des individus, des entreprises sont ou seront touchés de plein fouet par la crise financière et économique. Que la précarité guette ou a déjà atteint des personnes ou des secteurs de l’activité économique. En ces temps si troublés, accomplir notre devoir vis-à-vis de notre prochain et de la communauté est plus que jamais nécessaire. Devoir de Tsedaka, devoir de soutien financier mais aussi moral et social.

J’ai parlé d’inquiétude. Le Proche Orient vient de vivre un conflit non pas entre deux peuples, mais entre Israël et le Hamas. J’aime Israël, je vibre avec Israël, je pleure avec Israël et mon soutien lui est indéfectible. Mon amour pour Israël est fait de passion et de raison. Pour autant, je répugne à la guerre et je suis sensible à tous ceux et toutes celles qui sont victimes de la guerre, qu’ils soient Israéliens ou Palestiniens, alors qu’ils veulent la paix et la fraternité. En tant que Grand Rabbin de France, je veux inviter les fidèles des différentes religions et les hommes et les femmes de bonne volonté à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour construire en France la fraternité entre tous ceux et toutes celles qui y vivent quelles que soient leur religion, leurs convictions politiques et leur opinion sur ce conflit.

Au-delà de la condamnation vigoureuse des actes racistes, antisémites et antimusulmans qui sont commis dans notre pays, je veux appeler les personnes qui se sentent solidaires en France des Israéliens et des Palestiniens à s’opposer au mépris, à la haine et à la violence. Et je souhaite porter ce message avec les autorités représentant toutes les religions.

De toutes nos forces, nous devons prier pour que le nom de D-ieu ne soit pas invoqué pour la violence, pour que se lèvent au Proche Orient des artisans de paix et de justice et pour que s’ouvrent des chemins de pardon, de réconciliation et de coexistence.

Dans ce climat de crise et d’inquiétude où tous les hommes de bien doivent redoubler d’intelligence du cœur et de l’esprit envers leurs semblables, je m’engage à me consacrer avec plus d’attention encore aux relations avec les pouvoirs publics, les inspirateurs et les informateurs de l’opinion dans notre pays.

Je sais, Madame le Ministre, toute l’attention que le Président de la République, le Premier Ministre et vous-même portez à la communauté juive de France, et combien vous êtes soucieux que les juifs, qui sont une composante très ancienne et très loyale de notre nation depuis de nombreux siècles, se sentent en sécurité, appréciés et écoutés parmi les nombreuses identités humaines qui font la richesse de notre pays.

Soyez assurée que, pour ma part, je ne ménagerai jamais mes efforts pour que la nation France soit fière de ses juifs.

Comme les juifs ont été fiers de la France! Les juifs français et ceux du monde entier. La France avec ses idéaux des lumières a constitué un phare, un pôle d’espérance quasi messianique. Le patriotisme indéfectible des Français de confession juive a toujours été à la mesure de l’immense valeur accordée à la patrie France porteuse sur ses frontons des principes de liberté, d’égalité et de fraternité. Y compris pour les juifs… Jusqu’à la terrible fracture de la Shoah et de Vichy. Personne ne peut mésestimer les conséquences de la Shoah, non seulement pour les juifs mais aussi pour tout l’Occident. La destruction des juifs d’Europe a affecté et affecte de manière irrémédiable toute réflexion éthique, politique ou religieuse. Elle hante et continuera à hanter pour toujours toute conscience.

L’injonction du travail de mémoire nous incombe à tous, Français juifs et non-juifs, tous citoyens du monde. Cette injonction nous impose à tous un travail de connaissance des faits. Elle oblige chacun à toujours plus de vigilance, pour que ne se reproduise jamais cette atteinte inouïe et unique à l’humanité de l’homme qu’a constituée la barbarie nazie.

Nous voyons combien la tâche est difficile et d’une terrible actualité quand nous entendons qu’un évêque de la Fraternité Saint Pie X tient des propos abjects, qu’un autre évêque de cette Fraternité ramène le négationnisme à une opinion personnelle et que de nombreux membres de ladite Fraternité rejettent toujours Vatican II et la déclaration Nostra Aetate sur les relations avec les autres religions. Nous sommes reconnaissants à la République Française pour tous les efforts qu’elle déploie aujourd’hui sur ce terrain ô combien sensible.

Comme nous sommes, nous tous Français juifs, très sensibles au souci du Président de la République et du Gouvernement d’entretenir des relations justes, équitables et chaleureuses avec l’État d’Israël. Souci de déployer des efforts importants pour garantir l’existence même de l’État d’Israël qui vit, chaque jour, davantage sous la menace des missiles nucléaires iraniens. Souci, enfin, de traquer dans les critiques faites à Israël la part infiltrée de la bête immonde du racisme et de l’antisémitisme.

Je viens de souligner notre reconnaissance à nos dirigeants, il m’incombe maintenant de dire ma dette envers mes prédécesseurs et envers ceux qui m’ont construit.

Rendre hommage à tous les Grand Rabbins et Rabbins qui pendant les années noires de l’Occupation ont risqué leur vie pour protéger leur communauté. Leur mémoire est pour nous tous, source de bénédiction.

Le Grand Rabbin Jacob Kaplan, qui par son autorité morale hors du commun, reste jusqu’à aujourd’hui une référence pour le judaïsme français.

Le Grand Rabbin René Samuel Sirat auquel je veux dire ici ma profonde estime pour la manière dont il a assumé sa fonction de Grand Rabbin de France, et aussi pour avoir œuvré ensuite dans la communauté, et au-delà, avec intelligence et discrétion, toujours disponible pour tant de causes importantes.
Le Grand Rabbin Joseph Haïm Sitruk auquel je veux rendre hommage et saluer l’exceptionnel charisme et son courage. Je compte solliciter son concours pour qu’il continue à faire bénéficier la communauté juive de son savoir et de son énergie.

Je veux rappeler ce que je dois aux responsables du mouvement de jeunesse Yechouroun dont je suis issu, Théo et Edith Klein de mémoire bénie, Liliane Ackermann de mémoire bénie et l’ami qui m’est si proche, Henri Ackermann.

À mon maître des années d’étude à Jérusalem, le Rav Yehiel Landa zal dont l’enseignement sans pareil m’a ouvert la voie.
Remercier Barbara Schlanger mon assistante depuis plus de douze ans, dont les qualités rares et la compétence exceptionnelle ne sont jamais prises en défaut.
Je veux dire aussi ma reconnaissance affectueuse à Moïse Cohen pour son soutien exigeant tout au long des années de sa présidence, et remercier la communauté de la Victoire, ses responsables comme chaque fidèle, pour leur soutien et leur précieuse amitié.

Je veux rappeler la mémoire bénie de mes parents. Tâche difficile s’il en est. Un homme et une femme de haute noblesse, une droiture dans la posture du corps qui reflétait exactement la droiture de l’âme.

Noblesse de l’être, aristocratie de l’âme. Être le plus hautement homme ou femme dans le sens du respect le plus plein du tselem elokim, de l’image de D-ieu qui est en chaque homme. Un couple curieux de tout et amoureux du savoir. Ils ont donné à leurs deux fils le goût de la vie.

Je veux ainsi rendre hommage à ce judaïsme d’Alsace qu’honorent avec l’intelligence du cœur, de l’esprit et de la connaissance, les parents de ma femme et ce, par un amour pour les gens, tous les gens et leur mode de vie.

Judaïsme d’Alsace qu’ont honoré les figures érudites et sages de mes maîtres, les Grands Rabbin Henri Schilli et Ernest Gugenheim zal.

Mes dernières paroles sont pour Joëlle, ma femme bien aimée, l’exigence et l’espérance de ma raison d’être. Joëlle qui, chaque jour, m’apprend à lire le cours de la vie. Au côté de nos chers enfants, Eliya, Orit, Noémie, Léa, qui sont notre futur, notre bonheur, et notre plus haute responsabilité.

Merci à chacun d’entre vous pour votre présence si chaleureuse et nombreuse.

Je vous remercie.

dimanche 1 février 2009

Gilles Bernheim devient officiellement Grand rabbin de France

Gilles Bernheim, Grand rabbin de France, a été officiellement installé dans ses nouvelles fonctions dimanche au cours d'une cérémonie à la synagogue de la rue de la Victoire.

Voir la video

Evêque négationniste: le Grand rabbin de France attend «des réponses claires» de l'Eglise

Le Grand rabbin de France, Gilles Bernheim, a qualifié les déclarations négationnistes de Mgr Williamson de «propos abjects», ajoutant attendre des «réponses claires» de l’Eglise, dans un entretien au Monde daté de dimanche-lundi.

«Les propos de Mgr Williamson sont abjects», a dit M. Bernheim, qui sera officiellement investi dans ses fonctions dimanche. «Cette annonce m’a fait très mal en tant que juif et en tant que militant du dialogue entre les religions», a-t-il ajouté.

«Une fois passé le choc, j’ai entendu les condamnations de mes amis chrétiens», a-t-il assuré, alors que la levée de l’excommunication des quatre évêques intégristes de la Fraternité Saint-Pie, dont Mgr Williamson, suscite des remous chez les catholiques.

Toutefois, le grand rabbin de France s’interroge: «comment le pape pouvait-il ignorer le négationnisme de Mgr Williamson? Si la levée de l’excommunication est une invitation à la réconciliation, comment se réconcilier avec celui qui s’est exclu de la chrétienté par ses propos? (…) Que se passera-t-il si les quatre évêques qui ne sont plus excommuniés continuent de refuser Vatican II» et notamment l’affirmation du lien historique entre judaïsme et christianisme?

«Ces questions m’inquiètent. Comme beaucoup de chrétiens et de juifs, j’attends des réponses claires», a-t-il poursuivi.

jeudi 29 janvier 2009

Gilles Bernheim / Avenir du Judaisme / Consistoire

Communiqué publié par le Grand Rabbin de France Gilles Bernheim:

"Le Grand rabbin de France tient à informer la Communauté que les actions ou prises de position de l'association Avenir du Judaïsme ne l'engagent pas. Lorsqu'il souhaite s'exprimer, le Grand de France le fait dans le cadre de son mandat et en son nom."

Faut il rappeler que Avenir du Judaïsme a été l'instigateur et le maitre d'oeuvre de la campagne de Gilles Bernheim ; que s'est il passé depuis ?

lundi 26 janvier 2009

Cérémonie d’investiture du Grand Rabbin Bernheim

Ce n’est que le 1er février qu’aura lieu l’investiture officielle de Gilles Bernheim, à la synagogue de la Victoire dont il était jusqu’ici le rabbin.

Cette cérémonie, à laquelle assisteront Michèle Alliot-Marie, ministre de l’intérieur, en charge des cultes (mais pas le président de la République, qui a décliné l’invitation) et d’autres personnalités civiles et religieuses, sera ouverte aux membres de la communauté juive désireux de « faire connaissance » avec le nouveau grand rabbin de France.

Joël Mergui, président du Consistoire central et du Consistoire de Paris, le grand rabbin sortant Joseph Sitruk et Gilles Bernheim prononceront chacun un discours.

dimanche 18 janvier 2009

GR Bernheim : renvoyez vos "conseillers"!

" GR Bernheim : renvoyez vos "conseillers"! " tel est le titre d'un message qui circule actuellement (voir le message ci-dessous).
15 jours après son entrée en fonction, le GR Bernheim serait il en guerre ouverte avec Joel Mergui, président du Consistoire ? il semble effectivement que cela soit le cas!

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Le Grand Rabbin de France est très mal conseillé

Après un article de ces conseillers dans le journal ... La Croix...!! tirant sur des institutions juives (sans mandat du Grand Rabbin de France), ceux ci dans "Avenir du Judaïsme" (ci-dessous) déclarent en pleine guerre Israël-Hamas une guerre ouverte à M. Joël Mergui, Président élu des Consistoires de France et de Paris, aimé de la Communauté juive pour son désintéressement, son efficacité et sa proximité avec les pouvoirs publics.

Non messieurs les conseillers occultes, qui n'osez pas signer et qui ne représentez pas, contrairement à M. Mergui, le judaïsme de France, vous orientez le Grand Rabbin de France sur de bien mauvaises pistes. Outre des demandes salariales exorbitantes sous vos conseils (ces éléments choqueraient les juifs de France!!) alors que M. Mergui sacrifie ses revenus de médecin pour l'institution, vous le poussez à de multiples guerres internes alors qu'il ne dispose à cet effet, d'aucune troupe de terrain excepté quelques aigris en mal d'en découdre.

Nous pourrions citer prochainement des témoignages de gens chez qui vous vous êtes vantés d'avoir aidé M. Bernheim financièrement pour sa campagne sous des termes condescendants et ... dénigrants à son égard même ! .

Le Consistoire et son Président sont les représentants de la Communauté et le Grand Rabbin de France a un rôle essentiel, de Rabbin, point à la ligne. (Nous contestons vos déclarations guerrières : "d'un président du Consistoire sinon de se mettre, avec modestie et dévouement, au service du Grand rabbin ").

De très nombreux rabbins de communautés importantes se sont sentis dénigrés par vos autres déclarations et par ce que vous faites apparaître comme un élitisme du Grand Rabbin. Dans leur grande majorité, ils font corps avec M. Mergui et le Central. Alors, que le GRF s'occupe déjà de regrouper les Rabbins autour de lui, il a en ce point un gros chantier qui est largement suffisant.

Légalement l'analyse de nos juristes éminents dénie tout rôle du GRF en dehors de celui du Rabbinat. Et encore, le GRF n'est même pas juridiquement le chef des Rabbins! Il ne l'est si comme Kaplan, il fait le consensus autour de lui.

Conseillé par des gens comme vous, il a peu de chance d'y arriver!

Des associations reconnues, comme les Anciens Juifs des Grandes Ecoles, le Bné Akiva, le Yerouchalmi et de très très nombreuses communautés vont se manifester pour soutenir le Président du Central et le GRF dans leurs rôles traditionnels et pour faire taire ces pseudo conseillers fort mal avisés et mal intentionnés.

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Extraits de la Lettre infâme des pseudos conseillers occultes dans "Avenir du Judaïsme" :
Le nouveau Grand rabbin de France est entré en action ...
Cependant, sans entrer dans une foule de détails qu'il serait superflu d'énumérer en chaîne, on ne peut qu'observer avec inquiétude l'obstruction faite dès les premiers jours au nouveau Grand rabbin de France (NDLR????), au déploiement de son travail et de ses projets, de la part de l'institution dont la vocation première est de l'accueillir et de se mettre à son service, (NDLR????) pour sa réussite ... un accueil matériellement désastreux, une opposition au recrutement des compétences ..depuis de longs mois (NDLR ??????), nous nous interrogeons avec plus d'inquiétude encore, quant au brouillage des périmètres : un président du Consistoire Central présent à l'invitation des forces religieuses de la nation par le président de la République, qu'un président qui tente de s'emparer du leadership semble aussi déplacé(NDLR ??????) ... Quelle est la vocation d'un président du premier des Consistoires sinon de se mettre, avec modestie et dévouement, au service du Grand rabbin qu'a désigné la communauté à sa tête, (NDLR ????) en respectant scrupuleusement le périmètre de chacune des vocations et en reconnaissant la supériorité de l'Autorité morale lorsque celle-ci doit s'exprimer, certes, mais aussi s'exercer ?
Cordial Shalom, L'équipe d'Avenir du judaïsme (NDLR : ayezz le courage de signer!!!)

mercredi 14 janvier 2009

Interview du grand rabbin Bernheim suite à la cérémonie des voeux

Encore une exclusivité La Croix:

Gilles Bernheim : "Ce qui est très important, c'est que les responsables religieux ne durcissent pas les positions d'empathie"

lundi 12 janvier 2009

A l’Elysée, les religions forment des vœux pour la paix

Le journal La Croix, encore une fois bien informé, nous dévoile ce que dira Gilles Bernheim à Nicolas Sarkozy lors de la traditionnelle cérémonie des voeux ce lundi 12 janvier:

Quelques mots sur le dialogue interreligieux entre juifs et musulmans pour Gilles Bernheim

Gilles Bernheim est, lui, un nouveau venu dans cet exercice. Le nouveau grand rabbin de France, élu le 22 juin 2008, mais entré en fonction ce 1er janvier, est conscient que chacun ne disposera que d’un temps réduit pour exposer ses vues. Il n’a donc pas « préparé une conférence », mais prévoit de dire d’abord « quelques mots sur le dialogue interreligieux entre juifs et musulmans, la manière dont nous souhaitons assumer nos responsabilités pour éviter que le conflit en cours à Gaza ne soit transposé en France et pour que le vivre-ensemble soit le meilleur possible », indique-t il.

La laïcité est l’autre sujet que devrait aborder le grand rabbin de France : l’occasion, pour lui, de se réjouir du concept de « laïcité positive » avancé par le chef de l’État et d’exposer comment il « l’entend et la pense ».

source : http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2361958&rubId=4078

Le Figaro - Débats : Bernheim : «Ma compassion va aux civils palestiniens»

Dans le cadre de son marathon médiatique, interview du grand rabbin Bernheim dans Le Figaro :
http://www.lefigaro.fr/debats/2009/01/12/01005-20090112ARTFIG00272-bernheim-ma-compassion-va-aux-civils-palestiniens-.php


Comment la communauté juive de France doit-elle se positionner par rapport à Israël et, plus particulièrement, sur le conflit en cours à Gaza ?
Les juifs de France considèrent avec angoisse les combats qui font rage à Gaza. Ils sont très nombreux à avoir des proches en Israël et tremblent à l'idée des victimes et des soldats qui, à l'image de Guilad Shalit, pourraient être enlevés. Mais un autre facteur les tourmente et je voudrais le faire comprendre à partir du récit biblique. Lorsque Jacob va à la rencontre de son frère Esaü dont il apprend qu'il est armé jusqu'aux dents, le verset dit que Jacob eut peur et qu'il fut effrayé. Tous les commentateurs s'interrogent sur cette répétition et concluent qu'il eut peur d'être tué mais qu'il eut plus peur encore d'avoir à tuer. Ma compassion, comme celle de tous mes coreligionnaires, s'étend aux populations civiles palestiniennes et je regrette que les guerriers du Hamas soient entrés dans une folie meurtrière qui les dépasse et les broie.

vendredi 9 janvier 2009

Interview dans ActuJ du 8 janvier 2009

Après "La Croix", retrouvez une longue interview du nouveau grand rabbin de France dans ActuJ.

Il revient sur ses principaux thèmes de campagne et notamment sur la polémique qui a suivi la publication de son livre co-écrit avec Philippe Barbarin, archevêque de Lyon.

Pour mémoire, la lettre ouverte au Rabbin Gilles Bernheim par Rav Brand http://www.juif.org/docs/3/Lettre-ouverte-rav-Yehiel-Brand-a-Gilles%20Bernheim.pdf et des extraits ici: http://cjonat.over-blog.com/article-20670823.html

mercredi 7 janvier 2009

Soirée de prière pour Israel


06 janvier 2009, 10 tévèt 5769

Monsieur le Grand Rabbin,
Monsieur le Rabbin,
Monsieur le Président,
Madame, Monsieur,

Nous sommes tous concernés par les événements qui se passent actuellement au sud d’Israël et terriblement inquiets pour les jeunes qui risquent leur vie pour l’Etat d’Israël et pour l’ensemble du Peuple juif.
Nous organiserons jeudi 8 janvier 2009, à 19 heures une soirée de prières et de recueillement pour les soldats ainsi que pour toutes les populations qui vivent dans le sud d’Israël, sous la menace constante des roquettes meurtrières.
La prière est un moyen essentiel pour aider Israël dans l’épreuve. Il est de notre devoir d’y participer et d’inviter tous nos coreligionnaires à y prendre part.
Nous appelons l’ensemble des communautés juives de France à organiser, au même moment, une soirée de prières pour Israël.
A Paris, celle-ci se déroulera à la synagogue du 28 rue Buffault – 75009 PARIS.
Comptant sur votre présence, nous vous prions de croire, Monsieur le Grand Rabbin, Monsieur le Rabbin, Monsieur le Président, Madame, Monsieur, l'assurance de notre cordial chalom.