dimanche 25 avril 2010

À Vichy, le grand rabbin rend hommage aux Justes

Le Figaro - 25/04/2010

Pour la première fois en 70 ans, un grand rabbin de France s'est rendu à Vichy, capitale du régime collaborationniste du maréchal Pétain. Ce dimanche, Journée des déportés, Gilles Bernheim a rendu hommage aux Français ayant caché des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

C'est une visite à très haute portée symbolique. Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, un grand rabbin de France est allé se recueillir à Vichy, qui devint en 1940 la capitale de l'Etat français du maréchal Pétain.

En cette Journée des déportés, Gilles Bernheim s'est tout d'abord rendu devant une maison où sa belle-mère avait été cachée entre 1939 et 1945 avec quinze autres membres de sa famille. «La mère de mon épouse doit sa vie, et la famille qu'elle a pu constituer après la guerre, pour mon plus grand bonheur, au fait qu'elle a été cachée ici pendant la Guerre» a-t-il souligné. Il a qualifié ce moment de «très émouvant».

«Nous ne devons pas oublier» les Justes

S'adressant ensuite à plusieurs centaines de personnes venues l'écouter, le grand rabbin de France a rendu un hommage appuyé aux Justes, ces Français ayant bravé l'autorité pour sauver des juifs. Il a rappelé que «les trois quarts de la communauté juive (avaient) survécu, notamment grâce à l'aide de familles françaises. (...) Nous ne devons pas oublier la fraternité et l'héroïsme de tous ces Français qui ont permis à des Juifs à survivre».

Gilles Bernheim a enfin lancé un appel au souvenir à l'occasion de la Journée des déportés. Pour lui, cette journée est l'occasion de nous «rappeler ce qui s'est passé sous le régime de Pétain, pendant lequel un quart des juifs français ont été arrêtés, dénoncés, déportés».

En 1940, 330.000 Juifs vivaient en France. Quelque 75.721 d'entre eux, parmi lesquels se trouvaient 11.400 enfants, ont été déportés vers les camps nazis. Entre 2.500 et 3.000 seulement ont survécu. Ce n'est qu'en 1995 que le président Jacques Chirac a reconnu pour la première fois au nom de la France la responsabilité de l'Etat dans la déportation des juifs.

En écho aux propos tenus par le rabbin ce dimanche dans l'Allier, le secrétaire d'Etat à la Défense, Hubert Falco, a affirmé dans un discours prononcé à Paris que «nous n'avions pas le droit d'oublier» la Shoah.

vendredi 23 avril 2010

Le grand rabbin de France se rendra à Vichy pour la journée des déportés

Le grand rabbin de France, Gilles Bernheim, doit se rendre à Vichy dimanche 25 avril, journée des déportés, une visite à très haute portée symbolique et la première d'un grand rabbin de France depuis la seconde guerre mondiale.

Dans ce chef-lieu de l'Allier, capitale de l'Etat français du maréchal Pétain, le rabbin Bernheim doit donner une conférence sur le thème "Juifs et Français, quelle position aujourd'hui ?". Cette visite a "une portée symbolique évidente, d'autant qu'il n'y avait pas eu de visite d'un grand rabbin de France à Vichy depuis la guerre", a déclaré Gilles Bernheim.

"Il faut, ajoute-t-il, rappeler que les Juifs de France gardent et garderont toujours en mémoire que si Vichy a abouti à une faillite morale, que si le gouvernement d'alors s'est déshonoré en contribuant à la perte d'un quart de la population juive de ce pays, les trois quarts doivent leur survie à la sympathie sincère des Français non-juifs et à leur solidarité agissante, surtout à partir du moment où ils ont compris que les familles juives tombées aux mains des Allemands étaient vouées à la mort."

Sur les 75 721 Juifs déportés de France vers les camps nazis, dont 11 400 enfants, entre 2 500 et 3 000 ont survécu. Il y avait en France 330 000 Juifs en 1940, dont 190 000 Français et 140 000 venus de Pologne et d'Europe de l'Est après 1914 ou d'Allemagne après l'arrivée de Hitler au pouvoir.

"La communauté juive de France, plus qu'aucune autre, sait que sa meilleure protection est son enracinement dans la communauté nationale et son attachement aux valeurs de liberté, égalité, fraternité. Elle épouse ces valeurs avec l'ensemble des Français et les défend avec eux", selon M. Bernheim. Il parle de "nécessaire et incessant combat pour la mémoire" parce que "ne rien oublier des heures sombres de notre histoire, c'est défendre une idée de l'homme, de sa dignité, de sa liberté". "Quand souffle l'esprit de la haine alimenté par la peur, quand des groupuscules se révèlent plus ou moins ouvertement racistes et antisémites, il me semble important de rappeler notre vigilance", souligne-t-il.

A Vichy, le grand rabbin déposera une gerbe devant une stèle à la mémoire des déportés. Le monument a été installé il y a cinq ans, à l'initiative de la communauté juive de la ville, devant l'Hôtel du Parc, où résidait le maréchal Pétain, et à deux pas du casino où l'Assemblée lui a attribué les pleins pouvoirs le 10 juillet 1940. Le ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux, doit assister à cette cérémonie, au côté du maire de Vichy, Claude Malhuret.

LEMONDE.FR avec AFP | 23.04.10