Pour la première fois en 70 ans, un grand rabbin de France s'est rendu à Vichy, capitale du régime collaborationniste du maréchal Pétain. Ce dimanche, Journée des déportés, Gilles Bernheim a rendu hommage aux Français ayant caché des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
C'est une visite à très haute portée symbolique. Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, un grand rabbin de France est allé se recueillir à Vichy, qui devint en 1940 la capitale de l'Etat français du maréchal Pétain.
En cette Journée des déportés, Gilles Bernheim s'est tout d'abord rendu devant une maison où sa belle-mère avait été cachée entre 1939 et 1945 avec quinze autres membres de sa famille. «La mère de mon épouse doit sa vie, et la famille qu'elle a pu constituer après la guerre, pour mon plus grand bonheur, au fait qu'elle a été cachée ici pendant la Guerre» a-t-il souligné. Il a qualifié ce moment de «très émouvant».
«Nous ne devons pas oublier» les Justes
S'adressant ensuite à plusieurs centaines de personnes venues l'écouter, le grand rabbin de France a rendu un hommage appuyé aux Justes, ces Français ayant bravé l'autorité pour sauver des juifs. Il a rappelé que «les trois quarts de la communauté juive (avaient) survécu, notamment grâce à l'aide de familles françaises. (...) Nous ne devons pas oublier la fraternité et l'héroïsme de tous ces Français qui ont permis à des Juifs à survivre».
Gilles Bernheim a enfin lancé un appel au souvenir à l'occasion de la Journée des déportés. Pour lui, cette journée est l'occasion de nous «rappeler ce qui s'est passé sous le régime de Pétain, pendant lequel un quart des juifs français ont été arrêtés, dénoncés, déportés».
En 1940, 330.000 Juifs vivaient en France. Quelque 75.721 d'entre eux, parmi lesquels se trouvaient 11.400 enfants, ont été déportés vers les camps nazis. Entre 2.500 et 3.000 seulement ont survécu. Ce n'est qu'en 1995 que le président Jacques Chirac a reconnu pour la première fois au nom de la France la responsabilité de l'Etat dans la déportation des juifs.
En écho aux propos tenus par le rabbin ce dimanche dans l'Allier, le secrétaire d'Etat à la Défense, Hubert Falco, a affirmé dans un discours prononcé à Paris que «nous n'avions pas le droit d'oublier» la Shoah.
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