jeudi 26 février 2009
Les internautes hostiles à Bernheim
mercredi 4 février 2009
Discours de Joël MERGUI
Discours du Président du Consistoire Central de France, Monsieur Joël MERGUI
Investiture du Grand Rabbin de France Gilles BERNHEIM
le 1er Février 2009 à la Synagogue de la Victoire
Monsieur le Représentant du Président de la République
Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement
Messieurs les Ambassadeurs
Monsieur le Grand Rabbin de France Gilles BERNHEIM
Monsieur le Grand Rabbin Joseph SITRUK
Monsieur le Grand Rabbin René-Samuel SIRAT
Monsieur le Président d’Honneur du Consistoire Central
Monsieur le Grand Rabbin de Paris David MESSAS
Messieurs les Grands Rabbins et Rabbins
Mesdames et Messieurs les Parlementaires
Monsieur le Préfet de Police
Madame la Représentante du Maire de Paris
Madame la représentante du Préfet de la Région Ile de France
Mesdames et Messieurs les élus
Mesdames et Messieurs les Représentants des communautés religieuses
Mesdames et Messieurs les Membres des Consistoires
Mesdames et Messieurs les Présidents d’Institutions
Messieurs les Présidents de Communautés de Paris Ile de France et Province
Chers Amis
Suivant les traces de mes illustres prédécesseurs à la présidence du Consistoire central, je suis particulièrement fier et heureux d’inaugurer l’investiture officielle du Grand Rabbin de France, M. Gilles Bernheim.
C’est avec une émotion forte que j’ai le privilège et le plaisir de vous accueillir, Monsieur le Grand rabbin de France dans votre propre synagogue, dans notre si prestigieuse synagogue de la Victoire pour cette cérémonie solennelle.
Le Consistoire Central, en présence des Grands Rabbins, des Rabbins et des Présidents de Communauté de toute la France, vit aujourd’hui ce moment historique et rare.
Dans ces murs chargés de souvenirs, d’images et de sons, venus de siècles d’une présence ininterrompue des juifs de France, l’Histoire nous regarde.
Je tiens à vous remercier tous très chaleureusement de partager ce moment. Votre présence si nombreuse montre la place qu’occupent le Grand Rabbin, notre Institution et la Communauté juive dans la vie Française.
Je saisis avec bonheur ce moment pour regarder fièrement vers notre passé tout en me tournant avec espoir vers notre avenir.
Notre passé, c’est une histoire riche, passionnante, passionnée, parfois tourmentée, de plusieurs siècles de présence continue des juifs en France. Voilà deux cents ans que le Consistoire construit, organise et fait vivre la Communauté juive de France. Grâce à l’action extraordinaire menée sans relâche par tous ceux qui nous ont précédés.Ces personnalités éminentes de notre institution et de notre pays firent la grandeur du judaïsme de l’Hexagone et lui donnèrent ses lettres de noblesse. De David Sintzheim à Alain de Rothschild, en passant par Jacob Kaplan, René-Samuel Sirat, et naturellement Joseph Sitruk et Jean Kahn, chacun d’entre eux a marqué d’une façon indélébile le judaïsme français.
Malgré des parcours différents, ils partageaient tous la même ambition : mettre leur expérience, leurs compétences et leur enthousiasme au service de leurs coreligionnaires dans le cadre consistorial. Nous avons Monsieur le Grand Rabbin, la lourde responsabilité de prolonger cette action.
Mais avant cette nouvelle phase, prenons le temps de marquer tout le respect que nous devons à nos prédécesseurs directs :
Les six mois de transition écoulés, m’ont donné le privilège court mais si précieux de côtoyer dans mes nouvelles fonctions, M. Le Grand Rabbin Joseph ‘Haïm Sitruk qui fut à mes côtés depuis mes premières actions militantes et tout au long de ses trois mandats. C’est à un Maître, à un Grand Rabbin, à un ami que je veux dire merci en mon nom, - et au nom de la Communauté - toute notre reconnaissance. Durant ces 21 ans vous avez donné à notre Communauté une dimension considérable. Votre charisme et votre goût permanent pour les paroles de Torah auront chez beaucoup provoqué un retour à notre tradition. Vous avez été un inspirateur, un initiateur, un réalisateur : Que tous les enfants et les petits-enfants que vous avez bénis soient une bénédiction pour vous ! Je suis convaincu que vous saurez apporter votre soutien à l’action de votre successeur et à notre institution.
Jean Kahn, cher Jean, vous avez été le Président du consistoire dans la grande tradition française. Nul ne vous a approché sans être impressionné par votre sagesse issue d’une culture remarquable, d’une curiosité insatiable, et d’un goût immodéré pour l’Histoire. Votre engagement pour le judaïsme a été sans faille et la communauté juive de France vous sera toujours redevable pour tout ce que vous avez fait pour elle au cours d’une vie passée sans compter à son service. Votre présence à mes côtés en tant que Président d’Honneur est un privilège rare que j’apprécie à sa juste valeur. J’ai conscience de la responsabilité qui m’incombe de vous succéder et de faire face aux défis multiples des communautés juives de France fédérées par notre institution.
Aujourd’hui, un Grand Rabbin ashkénaze succède à un Grand Rabbin séfarade. Parallèlement un Président séfarade succède à un Président ashkénaze. Changement, évolution, révolution ? Non je ne crois pas, nous portons les mêmes valeurs avec des accents différents. Pour nos enfants, ces nuances s’estompent. Ils sont porteurs d’une diversité extraordinaire qui contribue au renouveau et la particularité du judaïsme français que nous avons la responsabilité et le devoir de faire vivre. C’est ce judaïsme pluriel qui comme moi, comme toute la Communauté depuis six mois vous attend, Monsieur le Grand Rabbin. Nous sommes porteurs d’un trésor millénaire. C’est notre responsabilité de tendre la main à chacun, à chaque juif quel que soit son niveau de pratique et son type de pratique pour que la flamme continue, encore et toujours. Combien d’hommes, de femmes n’ont plus voulu se dire juifs après la Shoah, une des conséquences invisibles de la Shoah. Nous devons retrouver leurs petits-enfants et les guider, leur donner envie de redécouvrir leur identité. Parfois, inconsciemment ils n’attendent qu’un signe pour faire le chemin. J’aurai le sentiment du devoir accompli le jour où tous les Juifs de France, quelles que soit leurs origines, leur catégorie sociale, leur lieu d’habitation, leur sensibilité politique et leur degré de pratique se reconnaîtront et se sentiront concernés par notre action, par notre identité, par notre institution. Nous voulons être une institution au sein de laquelle pourront se retrouver tous ceux qui ont choisi d’interroger leur identité. En un mot, je conçois le Consistoire comme un lieu d’ouverture et de rassemblement Le judaïsme français a évolué, ses attentes aussi.
Homme d’ouverture et de dialogue, M. Le Grand Rabbin, Cher Gilles Bernheim, vous saurez renouer des liens pour aider ceux qui recherchent leur identité. Chaque fois qu’une personne retrouve le chemin de la synagogue pour étudier, pour prier, pour chanter, c’est toute la Communauté qui est renforcée.
Dans nos centaines de synagogues, comme dans notre institution, la lumière ne s’éteint jamais. Notre responsabilité opérationnelle de centaines de communautés en France et de plus encore de synagogues et de lieux de culte, qui constituent l’âme même du judaïsme français, nous confère le devoir et la légitimité d’exprimer haut et fort, autant que nécessaire les préoccupations et attentes, les aspirations de la Communauté juive de France. J
e voudrais rendre ici hommage à tous les Rabbins et présidents qui rendent possible la vie juive dans leur quartier, dans leur ville, parfois dans des conditions difficiles.
Les événements récents nous l’ont rappelé et nous interpellent. Force est de constater que l’hostilité contre nous n’a pas désarmé, que l’antisémitisme n’est pas, comme on a pu parfois le penser, un phénomène disparu. Loin de nous l’idée de dramatiser la situation, mais nous ne la sous-estimerons pas ! Pour dire les choses très clairement, nous ne voulons pas que nos synagogues et nos écoles soient des forteresses protégées vivant sous la menace.
Quelle menace ? Ne sommes-nous pas en France ? Nous souhaitons simplement que nos synagogues soient reconnues pour ce qu’elles sont : des lieux de culte qui prônent aussi les valeurs républicaines de la France. Notre communauté a toujours su et voulu exprimer sa solidarité avec Israël. L’amour indéfectible que nous portons à la France, notre pays, n’est pas antinomique avec celui que nous ressentons pour Israël, qui incarne nos racines, notre histoire et notre héritage religieux.
Israël est notre source spirituelle. Voilà trois mille ans qu’Israël fait battre le cœur de tous les juifs du monde.
Je tiens ici à saluer la présence exceptionnelle avec nous aujourd’hui du grand rabbin d’Israël Rav Metzger qui témoigne ainsi par sa venue des liens très étroits entre la Communauté juive de France et Israël. Depuis la création de l’Etat d’Israël, ce lien a été renforcé par une proximité physique et familiale. Chacun ici, a un membre de sa famille en Israël. Entre Israël et la France, grâce notamment à la Communauté juive, s’est ainsi créé un pont tissé d’amour et d’amitié. Israël est une démocratie exemplaire partageant les mêmes valeurs humanistes que notre pays. Nous ne pouvons rester muets lorsqu’Israël subit des attaques ou que son existence est discutée ou menacée, que sa capitale Jérusalem est contestée.
Gilad Shalit otage franco israélien est naturellement présent dans nos prières de ce jour. Vous le voyez, dans ce climat difficile s’ouvrent devant nous de nombreux défis. Je n’en citerai que trois majeurs à mes yeux.
Tout d’abord, le défi de la jeunesse, sans doute le plus important. Il y va de l’avenir et de la pérennité du judaïsme français dans la fidélité aux valeurs de notre Histoire, de notre Torah, de notre Peuple. Cette jeunesse qui traverse depuis quelques années des moments difficiles mêlés d’inquiétudes souvent, de colères parfois, mais qui garde en permanence la dignité et la sagesse dont nous, leurs aînés, pouvons être fiers. Il, nous appartient d’être à leur écoute, de répondre à leurs attentes et de faire en sorte qu’ils continuent avec joie et espérance leur chemin au sein du Peuple juif dont ils sont la lumière. Nous avons les structures et je sais, monsieur le Grand rabbin qu’avec votre expérience notamment d’ancien aumônier de la jeunesse vous leur donnerez vie et élan.
Ensuite, le défi de la place des juifs de France dans la Cité, c'est-à-dire avant tout de notre bien vivre ensemble. Votre action au sein de Torah et Société ainsi que votre vice Présidence de l’Amitié judéo Chrétienne montre que vous appartenez à une tradition particulièrement respectueuse du dialogue républicain, de la laïcité, vous êtes et vous serez « le rabbin dans la cité ». Le dialogue interreligieux que vous avez toujours défendu est indispensable pour replacer le judaïsme dans une perspective d’ouverture et d’universalité.
Enfin, le défi de l’avenir de nos communautés partout en France, le cœur même du judaïsme français. J’entends par là, le défi des structures, du fonctionnement, des réformes des projets de nos communautés, des plus modestes aux plus importantes. La formation et les statuts de nos rabbins ; Le fonctionnement du Séminaire Israélite de France dont vous êtes issu, Monsieur le Grand Rabbin. Vous en connaissez tous les aspects, son importance et vous aurez à cœur de continuer sa refondation et sa modernisation; La solidarité au sein et entre toutes nos communautés à travers le pays; La sauvegarde de nos synagogues et de notre patrimoine; Les conditions pour une pratique libre et respectueuse du judaïsme pour chaque juif de France. La sauvegarde de la mémoire de la Shoah et la lutte contre le négationnisme qui doit être sans relâche combattu et sans discussion, c'est un crime à la Mémoire des millions de martyrs morts et des vivants. Tout ceci dans un travail conjoint et unitaire avec les grandes institutions juives françaises. Dépassant le cadre communautaire, votre parole renforcera l’affirmation identitaire de nos familles dans une société multi culturelle et multi cultuelle.Il n’y a pas antagonisme, il y a complémentarité.
Voilà pourquoi vous êtes Grand Rabbin de France et non pas seulement Grand Rabbin des Communautés juives de France. Vous êtes aujourd’hui le cœur et le guide spirituel du Consistoire, et par là même de l’ensemble des juifs de France.
Le 22 juin dernier pour la première fois nos deux élections se déroulaient le même jour avec la même assemblée des représentants de toutes les communautés juives de France. Je veux y voir le signe que, plus que jamais, nous avons la noble mission de travailler ensemble, pour faire avancer les dossiers majeurs qui préoccupent notre communauté, pour donner ce nouvel élan et ce nouveau souffle à la plus importante et la plus vivante des communautés juives d’Europe.
Notre devoir d’exemplarité et de conviction devra être sans faille, au regard de tous les présidents et rabbins qui animent avec dévouement les communautés juives de France, au regard de nos coreligionnaires, au regard de tous les français. Je remercie tous ceux, juifs et non juifs, qui, mus par ce nouvel élan nous rejoindront pour accompagner nos efforts.
Qu’il me soit permis aussi de remercier mon épouse et ma famille de leur soutien indispensable à mon action au service de nos communautés et de notre institution. Je sais, Cher Grand Rabbin Gilles Bernheim, la vigueur de votre engagement pour réussir. De par votre histoire personnelle, votre parcours universitaire et rabbinique, vos connaissances intellectuelles et religieuses, vos qualités humaines d’écoute, de respect, de tolérance et de compréhension, je sais que vous saurez répondre aux attentes importantes qui sont placées en vous. Soyez certain qu’avec le dévouement du conseil du Consistoire Central, je vous soutiendrai de toute mon énergie.
Nous avons ensemble une mission unique, complémentaire et essentielle. Face aux défis de ce siècle tourmenté, nous avons à transmettre le message irréductible du peuple juif : celui de l’espoir et de l’engagement porté par l’éthique du judaïsme.
Telle est notre mission commune que nous avons le devoir de réussir. Pour la France et pour les Juifs de France.
Discours du Grand Rabbin Joseph Haïm SITRUK
Discours du Grand Rabbin Joseph Haïm SITRUK
Investiture du Grand Rabbin de France Gilles BERNHEIM
le 1er Février 2009 à la Synagogue de la Victoire
Cher Grand Rabbin Gilles Bernheim, mon ami, car nous nous connaissions bien avant que notre parcours se retrouve sur les pentes de ski lors de colonies organisées ensemble. C’est pourquoi l’amitié dépassera tous les titres et les circonstances.
Nous avons une merveilleuse communauté. Aujourd’hui c’est avec émotion et espérance que je vous confie ce joyau. Vous aurez à cœur de lui conserver ses vertus qui sont à la fois son unité exceptionnelle autour de vous, sa fidélité à la France indéfectible, son amour pour Israël, exceptionnel, mais aussi ce qu’elle a prouvé pendant ces dernières décennies, un attachement tout à fait hors du commun aux valeurs de notre tradition.
Et voilà que vous aurez avec l’aide de D… la possibilité de lui donner une nouvelle impulsion. Pour cela vous disposez, outre vos qualités brillantes, d’un atout exceptionnel en la personne du nouveau Président du Consistoire Central qui vient de vous dire toute l'espérance qui était la sienne, Joël MERGUI, décidé à travailler en étroite collaboration avec vous et vous saurez que c’est le gage de toute réussite pour un rabbin au niveau de responsabilité qui est désormais le vôtre.
Mais je crois que ce qui est encore beaucoup plus important que tout cela, c’est ce qui a pour ma part, motivé, toutes ces années au service de la communauté, c'est l’amour, l'amour. Les juifs sont des gens merveilleux ; il suffit de les aimer. Quand on leur porte amour et considération, ils révèlent chacun des capacités, un talent unique que vous saurez mettre au service de la grande communauté de France.
Je voudrais utiliser pour votre intronisation aujourd’hui, une image que m’inspire l’événement à venir dans notre calendrier, dimanche soir prochain, « Tou Bichvat », le nouvel an des arbres. En effet dans la Torah, l’homme est comparé à un arbre des champs. Le Maharal ajoute : « oui, un arbre des champs, mais dont les racines viennent du ciel ». C’est un arbre renversé, c’est-à-dire lorsque ses racines sont spirituelles, ses fruits sont terrestres.A l’inverse d’un arbre que l’on trouve dans toutes nos campagnes, l’homme est celui qui n’oublie jamais son origine divine et la nécessaire réalisation de toutes ses potentialités sur la terre. L’homme n’est pas seulement un être cérébré qui réfléchit mais un être qui agit, qui construit et grande est la tâche !
Je suis sûr que vous l’assumerez avec particulièrement de brio et de réussite.
Je tenais aujourd’hui, jour si important pour vous, à vous redire à la fois mon amitié mais aussi à vous adresser mes bénédictions. Que l’Eternel vous bénisse, vous protège et qu’Il vous fasse réussir dans toutes vos entreprises ! AMEN !
Discours du Grand Rabbin de France Gilles BERNHEIM
1er Février 2009 à la Synagogue de la Victoire
Monsieur Christian Frémont, Directeur de Cabinet représentant Monsieur le Président de la République,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
«Louez le Seigneur car il est bon,sa grâce est éternelle».
Louons le Seigneur car il est bon et par sa grâce, nous sommes tous réunis aujourd’hui pour nous rassembler et nous recueillir à l’occasion de ma prise de fonctions en tant que Grand Rabbin de France. Nous rassembler, prier afin que le Seigneur nous donne, à Joël Mergui, Président du Consistoire Central et à moi-même la force, le courage de porter haut l’étendard qui nous est confié aujourd’hui. De porter haut la responsabilité immense qui est nôtre désormais à l’égard de la communauté juive comme à l’égard de la communauté nationale. Que le Tout-Puissant nous donne le souffle, l’inspiration, la sagesse pour guider, inspirer, réunir. La sagesse juive sait profondément que l’élection, comme l’accession à une haute fonction, n’est pas tant un privilège que d’abord et surtout un surplus de charges, une formidable responsabilité.
Les plus grands parmi nos prophètes ont cherché à se dérober à la mission sacrée, à la responsabilité qui semblait irrésistiblement les requérir. Moïse, Jérémie, Jonas pour ne citer qu’eux ont reculé, effrayés par l’immensité de la tâche qu’ils sentaient s’imposer à eux, voyant leur vie, leur esprit et leur corps bouleversés définitivement, et arrachés à la tranquillité. Et ce pour être jetés dans l’arène du monde, de ses tourments, de ses souffrances, celles des hommes, nos frères.
Je ne me prends pas pour un prophète. J’ai d’abord hésité à m’engager, mais porté par le sentiment d’une urgence, d’une responsabilité à laquelle je ne pouvais me soustraire, je me suis porté candidat. Ce n’est pas la conviction qu’on est meilleur qu’un autre, c’est la conviction que ma formation, les responsabilités et expériences qui ont été les miennes jusqu’ici font de moi la personne qui se devait de répondre présent à l’appel. Répondre à l’appel de ceux qui attendaient un tournant, des réponses à l’urgence de situations nouvelles et préoccupantes.
La communauté juive m’a confié cette charge en vue de laquelle je suis officiellement investi aujourd’hui. J’ai été porté à cette fonction par une large majorité des suffrages. C’est un immense encouragement. À ceux qui n’ont pas porté leur choix sur moi, à ceux qui n’avaient pas confiance, je dis: on ne travaille pas, on ne réussit pas qu’avec ses amis. Je tends la main pour que nous réussissions à servir D-ieu le mieux possible, ensemble, au-delà des divergences. Les différences sont une richesse, et en ce sens, un gage de réussite. À l’image de cette innombrable assemblée réunie aujourd’hui dans cette grande synagogue pour vous honorer également cher Joël Mergui, pour nous honorer, non pas des hommes, mais une certaine idée de l’humanité, du judaïsme que vous Joël et moi-même voulons incarner dans le cadre d’une collaboration confiante et fructueuse.
Vous êtes tous réunis, assis ensemble, femmes et hommes de tous horizons, juifs et non-juifs, pour témoigner d’un espoir, pour appeler ensemble, que vous soyez croyants ou non, une bénédiction divine qui puisse rendre féconde la lourde tâche qui s’inaugure pour moi, pour nous, mon cher Joël. Cette immense assemblée réunie dans un même souffle est source de bénédiction. De bénédiction et de paix. D’espoir.
«Ah, qu’il est bon, qu’il est doux à des frères d’être assis ensemble, unis».
Ce si vaste rassemblement marque pour moi un désir et un espoir partagés de renouvellement, de changement, ensemble. Être assis ensemble, c’est un signe de paix, de chalom. La paix est le creuset de la bénédiction.
Le choix qui s’est porté sur moi est source d’espoir pour les uns, d’étonnement pour les autres. Certains peuvent avoir l’impression que je suis une personnalité atypique. Issu d’une famille juive de stricte pratique religieuse, j’ai été formé par l’école laïque et l’école juive, par le Séminaire israélite de France et par les écoles talmudiques en Israël. À côté de cela, j’ai cru devoir acquérir un solide bagage universitaire en philosophie. De plus, je me fais un devoir et une responsabilité de cultiver des relations fécondes avec des hommes et des femmes de tous horizons culturels, politiques, sociaux et religieux au sein de la République. Rabbin des étudiants, des universitaires, puis rabbin de la communauté qui prie et se rassemble ici, dans cette belle synagogue. Il est enfin notoire que j’entretiens depuis longtemps, en particulier au sein de l’Amitié judéo-chrétienne de France, un dialogue fructueux avec de hauts dignitaires de l’Église, mais aussi de l’Islam. Ce dialogue a récemment pris la forme d’un livre à deux voix avec mon ami, le Cardinal Barbarin, dont je salue ici la présence.
Non, je ne suis pas atypique. Je fais simplement bouger les lignes et voler en éclats les idées préconçues de ceux qui veulent des religions repliées sur elles-mêmes. En cela je ne fais que m’inscrire dans les marques de mes illustres prédécesseurs depuis l’institution du Grand Rabbinat; tous savants notoires dans les sciences religieuses comme dans les sciences dites profanes. Tous pétris d’une solide conscience démocratique et républicaine. Tous portés par un sens égal de leurs responsabilités à l’égard de leurs frères juifs comme à l’égard de la communauté nationale, et vivement engagés dans le dialogue et l’ouverture à autrui, dans le souci aussi bien de trouver un langage commun que d’œuvrer pour le bien commun.
C’est précisément parce que je souhaite m’inscrire au plus près de la vocation du Grand Rabbinat de France telle qu’elle s’est écrite depuis deux siècles que les suffrages se sont portés sur mon nom. La vie qui a été la mienne jusqu’à ce jour avec l’aide et la bénédiction de D-ieu, m’autorise, me donne capacité à répondre autant que possible aux attentes multiformes et aux urgences actuelles de la communauté juive de France. Notre communauté vit aujourd’hui sous l’emprise de deux forces contraires. Retour aux sources et à une pratique religieuse plus engagée, plus exigeante pour certains. Assimilation galopante et massive pour d’autres; assimilation qui nous bouleverse parce qu’elle menace la dynamique même du service que D-ieu nous a confié au bénéfice de tous les hommes. Le renoncement à la richesse de leur tradition chez une grande partie de nos frères juifs est source d’angoisse et de tristesse. C’est le risque d’une perte et d’une atteinte irréparable au bien commun de l’humanité, c’est le risque d’un affaiblissement, voire, que D-ieu nous en préserve, du tarissement d’une tradition spirituelle et d’une sagesse qui avaient traversé les siècles jusqu’à nos jours malgré les terribles épreuves et les inlassables persécutions subies par le peuple juif.
Les défis sont urgents et multiformes. J’ai pu le mesurer dans mes contacts nourris avec mes collègues rabbins, lors de mes visites pastorales des communautés juives de l’Hexagone. Le premier défi est évidemment interne pour le premier des rabbins de France. Former plus que jamais les rabbins à savoir s’adresser à toutes sortes de juifs, à parler un langage qui soit le leur. La sociologie des communautés a largement évolué. Il s’agit de tenir compte de l’attente de nombreux jeunes de tous horizons, soucieux de se rapprocher d’une pratique et d’une étude plus authentiques, plus riches, et qui attendent qu’on leur adresse un discours qui touche au plus près leurs préoccupations dans un monde en perte de repères.
Nous avons un immense défi à relever et je ne pourrais le relever qu’avec vous, mes amis rabbins, dont le dévouement exemplaire et la volonté d’élargir la capacité d’influence et d’attraction de notre tradition, est le gage de notre pérennité. Le judaïsme orthodoxe consistorial qui est représenté par le corps rabbinique ici réuni doit avoir des réponses claires, éclairantes sur les problèmes qui touchent les personnes au plus près de leur vie: conduites morales, rituelles, sociales, économiques…
Nous devons rappeler inlassablement les fondamentaux de notre vocation énoncés, martelés par nos prophètes, à l’exemple du prophète Michée :
«Homme, on t’a dit ce qui est bien, ce que le Seigneur attend de toi, rien que de pratiquer la justice, d’aimer la bonté et de marcher humblement avec ton D-ieu».
C’est cela être juif.
Mais nous avons aussi le défi de faire entendre à l’homme occidental quelque chose qui est souvent source de malentendus et qui, en même temps, nous semble faire gravement défaut à nos contemporains: le sens des rites, la valeur des rites. Non pour convertir, le judaïsme n’a jamais eu de vocation prosélytique. La grandeur d’une religion ne réside pas dans sa puissance de coercition mais dans sa capacité à donner à penser y compris à ceux qui ne croient pas en elle. De nos jours, l’idée qu’une identité puisse être portée par des gestes que l’on appelle des rites: manger cacher, respecter le chabbat répugne le plus souvent à l’Occident et ne lui évoque que fanatisme et intégrisme. Tout ce qui est de l’ordre de la contrainte pratique et rituelle apparaît le plus souvent comme antagoniste à une vraie vie spirituelle. Faut-il rappeler que les lois juives sont faites pour aider l’homme à advenir à son humanité et pour favoriser l’humanité d’autrui. Grandir et faire grandir. Être capable de relation et de transmission. Apprendre à parler et à écouter. À donner et à recevoir. Savoir regarder. Être en mesure de réparer un préjudice, toutes sortes de préjudices. Réconcilier. Donner du temps aux choses et aux rencontres.
Car si pour nous, juifs, le seul bagage est le Livre, notre Torah, le message qu’il nous demande d’assumer ne se situe pas dans un lointain et improbable avenir. Non, ce message s’accomplit maintenant, dans le quotidien de nos vies, dans le souffle des enfants qui étudient la Torah, souffle sur lequel, selon la Tradition, notre monde repose.
Pour relever tous ces défis, nous avons besoin de rabbins, de maîtres, toujours plus performants, pétris d’une profonde érudition dans la Loi et la Tradition, mais également d’une culture et d’une pédagogie qui permettent de rendre la loi juive plus proche, intellectuellement et émotionnellement.
Les défis qui s’imposent à nous concernent aussi la nécessité vitale de l’ouverture et du dialogue. Si l’Église manifeste un intérêt nouveau et croissant pour ses origines, et un désir profond de travailler à réduire la dramatique fracture qui a séparé sur deux millénaires juifs et chrétiens, la société civile est, elle aussi, en attente du peuple juif face aux inquiétudes actuelles. Nous devons répondre à ces demandes. C’est cela, aussi, être citoyen.
Nous, rabbins, devons répondre présents face au travail nécessaire de dialogue et d’amitié avec l’Islam. Poursuivre les prometteuses rencontres déjà engagées avec les dignitaires et penseurs musulmans à l’image du Recteur Dalil Boubakeur, m’inspirant en cela du comportement des plus illustres figures rabbiniques ayant traversé les siècles : de Maïmonide au Maharal de Prague, de Juda Halevi à S. R. Hirsch. Enjeu vital.
Je suis conscient d’accéder à cette responsabilité à un moment où les sociétés, en France, en Israël et partout dans le monde, sont en proie à de grandes inquiétudes qui réclament, de la part des responsables spirituels, des efforts et une vigilance renforcés.
Cette investiture a lieu dans une conjoncture économique difficile. Il est clair que des individus, des entreprises sont ou seront touchés de plein fouet par la crise financière et économique. Que la précarité guette ou a déjà atteint des personnes ou des secteurs de l’activité économique. En ces temps si troublés, accomplir notre devoir vis-à-vis de notre prochain et de la communauté est plus que jamais nécessaire. Devoir de Tsedaka, devoir de soutien financier mais aussi moral et social.
J’ai parlé d’inquiétude. Le Proche Orient vient de vivre un conflit non pas entre deux peuples, mais entre Israël et le Hamas. J’aime Israël, je vibre avec Israël, je pleure avec Israël et mon soutien lui est indéfectible. Mon amour pour Israël est fait de passion et de raison. Pour autant, je répugne à la guerre et je suis sensible à tous ceux et toutes celles qui sont victimes de la guerre, qu’ils soient Israéliens ou Palestiniens, alors qu’ils veulent la paix et la fraternité. En tant que Grand Rabbin de France, je veux inviter les fidèles des différentes religions et les hommes et les femmes de bonne volonté à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour construire en France la fraternité entre tous ceux et toutes celles qui y vivent quelles que soient leur religion, leurs convictions politiques et leur opinion sur ce conflit.
Au-delà de la condamnation vigoureuse des actes racistes, antisémites et antimusulmans qui sont commis dans notre pays, je veux appeler les personnes qui se sentent solidaires en France des Israéliens et des Palestiniens à s’opposer au mépris, à la haine et à la violence. Et je souhaite porter ce message avec les autorités représentant toutes les religions.
De toutes nos forces, nous devons prier pour que le nom de D-ieu ne soit pas invoqué pour la violence, pour que se lèvent au Proche Orient des artisans de paix et de justice et pour que s’ouvrent des chemins de pardon, de réconciliation et de coexistence.
Dans ce climat de crise et d’inquiétude où tous les hommes de bien doivent redoubler d’intelligence du cœur et de l’esprit envers leurs semblables, je m’engage à me consacrer avec plus d’attention encore aux relations avec les pouvoirs publics, les inspirateurs et les informateurs de l’opinion dans notre pays.
Je sais, Madame le Ministre, toute l’attention que le Président de la République, le Premier Ministre et vous-même portez à la communauté juive de France, et combien vous êtes soucieux que les juifs, qui sont une composante très ancienne et très loyale de notre nation depuis de nombreux siècles, se sentent en sécurité, appréciés et écoutés parmi les nombreuses identités humaines qui font la richesse de notre pays.
Soyez assurée que, pour ma part, je ne ménagerai jamais mes efforts pour que la nation France soit fière de ses juifs.
Comme les juifs ont été fiers de la France! Les juifs français et ceux du monde entier. La France avec ses idéaux des lumières a constitué un phare, un pôle d’espérance quasi messianique. Le patriotisme indéfectible des Français de confession juive a toujours été à la mesure de l’immense valeur accordée à la patrie France porteuse sur ses frontons des principes de liberté, d’égalité et de fraternité. Y compris pour les juifs… Jusqu’à la terrible fracture de la Shoah et de Vichy. Personne ne peut mésestimer les conséquences de la Shoah, non seulement pour les juifs mais aussi pour tout l’Occident. La destruction des juifs d’Europe a affecté et affecte de manière irrémédiable toute réflexion éthique, politique ou religieuse. Elle hante et continuera à hanter pour toujours toute conscience.
L’injonction du travail de mémoire nous incombe à tous, Français juifs et non-juifs, tous citoyens du monde. Cette injonction nous impose à tous un travail de connaissance des faits. Elle oblige chacun à toujours plus de vigilance, pour que ne se reproduise jamais cette atteinte inouïe et unique à l’humanité de l’homme qu’a constituée la barbarie nazie.
Nous voyons combien la tâche est difficile et d’une terrible actualité quand nous entendons qu’un évêque de la Fraternité Saint Pie X tient des propos abjects, qu’un autre évêque de cette Fraternité ramène le négationnisme à une opinion personnelle et que de nombreux membres de ladite Fraternité rejettent toujours Vatican II et la déclaration Nostra Aetate sur les relations avec les autres religions. Nous sommes reconnaissants à la République Française pour tous les efforts qu’elle déploie aujourd’hui sur ce terrain ô combien sensible.
Comme nous sommes, nous tous Français juifs, très sensibles au souci du Président de la République et du Gouvernement d’entretenir des relations justes, équitables et chaleureuses avec l’État d’Israël. Souci de déployer des efforts importants pour garantir l’existence même de l’État d’Israël qui vit, chaque jour, davantage sous la menace des missiles nucléaires iraniens. Souci, enfin, de traquer dans les critiques faites à Israël la part infiltrée de la bête immonde du racisme et de l’antisémitisme.
Je viens de souligner notre reconnaissance à nos dirigeants, il m’incombe maintenant de dire ma dette envers mes prédécesseurs et envers ceux qui m’ont construit.
Rendre hommage à tous les Grand Rabbins et Rabbins qui pendant les années noires de l’Occupation ont risqué leur vie pour protéger leur communauté. Leur mémoire est pour nous tous, source de bénédiction.
Le Grand Rabbin Jacob Kaplan, qui par son autorité morale hors du commun, reste jusqu’à aujourd’hui une référence pour le judaïsme français.
Le Grand Rabbin René Samuel Sirat auquel je veux dire ici ma profonde estime pour la manière dont il a assumé sa fonction de Grand Rabbin de France, et aussi pour avoir œuvré ensuite dans la communauté, et au-delà, avec intelligence et discrétion, toujours disponible pour tant de causes importantes.
Le Grand Rabbin Joseph Haïm Sitruk auquel je veux rendre hommage et saluer l’exceptionnel charisme et son courage. Je compte solliciter son concours pour qu’il continue à faire bénéficier la communauté juive de son savoir et de son énergie.
Je veux rappeler ce que je dois aux responsables du mouvement de jeunesse Yechouroun dont je suis issu, Théo et Edith Klein de mémoire bénie, Liliane Ackermann de mémoire bénie et l’ami qui m’est si proche, Henri Ackermann.
À mon maître des années d’étude à Jérusalem, le Rav Yehiel Landa zal dont l’enseignement sans pareil m’a ouvert la voie.
Remercier Barbara Schlanger mon assistante depuis plus de douze ans, dont les qualités rares et la compétence exceptionnelle ne sont jamais prises en défaut.
Je veux dire aussi ma reconnaissance affectueuse à Moïse Cohen pour son soutien exigeant tout au long des années de sa présidence, et remercier la communauté de la Victoire, ses responsables comme chaque fidèle, pour leur soutien et leur précieuse amitié.
Je veux rappeler la mémoire bénie de mes parents. Tâche difficile s’il en est. Un homme et une femme de haute noblesse, une droiture dans la posture du corps qui reflétait exactement la droiture de l’âme.
Noblesse de l’être, aristocratie de l’âme. Être le plus hautement homme ou femme dans le sens du respect le plus plein du tselem elokim, de l’image de D-ieu qui est en chaque homme. Un couple curieux de tout et amoureux du savoir. Ils ont donné à leurs deux fils le goût de la vie.
Je veux ainsi rendre hommage à ce judaïsme d’Alsace qu’honorent avec l’intelligence du cœur, de l’esprit et de la connaissance, les parents de ma femme et ce, par un amour pour les gens, tous les gens et leur mode de vie.
Judaïsme d’Alsace qu’ont honoré les figures érudites et sages de mes maîtres, les Grands Rabbin Henri Schilli et Ernest Gugenheim zal.
Mes dernières paroles sont pour Joëlle, ma femme bien aimée, l’exigence et l’espérance de ma raison d’être. Joëlle qui, chaque jour, m’apprend à lire le cours de la vie. Au côté de nos chers enfants, Eliya, Orit, Noémie, Léa, qui sont notre futur, notre bonheur, et notre plus haute responsabilité.
Merci à chacun d’entre vous pour votre présence si chaleureuse et nombreuse.
Je vous remercie.
dimanche 1 février 2009
Gilles Bernheim devient officiellement Grand rabbin de France
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Evêque négationniste: le Grand rabbin de France attend «des réponses claires» de l'Eglise
«Les propos de Mgr Williamson sont abjects», a dit M. Bernheim, qui sera officiellement investi dans ses fonctions dimanche. «Cette annonce m’a fait très mal en tant que juif et en tant que militant du dialogue entre les religions», a-t-il ajouté.
«Une fois passé le choc, j’ai entendu les condamnations de mes amis chrétiens», a-t-il assuré, alors que la levée de l’excommunication des quatre évêques intégristes de la Fraternité Saint-Pie, dont Mgr Williamson, suscite des remous chez les catholiques.
Toutefois, le grand rabbin de France s’interroge: «comment le pape pouvait-il ignorer le négationnisme de Mgr Williamson? Si la levée de l’excommunication est une invitation à la réconciliation, comment se réconcilier avec celui qui s’est exclu de la chrétienté par ses propos? (…) Que se passera-t-il si les quatre évêques qui ne sont plus excommuniés continuent de refuser Vatican II» et notamment l’affirmation du lien historique entre judaïsme et christianisme?
«Ces questions m’inquiètent. Comme beaucoup de chrétiens et de juifs, j’attends des réponses claires», a-t-il poursuivi.