vendredi 7 mai 2010

JCall: appel à la raison

Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Richard Prasquier a jugé la pétition de JCall "dangereuse", et considéré que "certaines formulations ne sont pas acceptables". Joël Mergui, président du Consistoire central, parle d'un texte "démesuré".

Le Grand rabbin de France Gilles Bernheim conteste certaines formulations de l'Appel à la raison (qui parle de "faute morale" d'Israël dans sa politique de colonies et d'implantations) tout en estimant que l'initiative relève d'une "utopie généreuse".

"L'Appel à la raison" est publié sur le site www.jcall.eu

"Raison garder" est publié sur le site www.dialexis.org

lundi 3 mai 2010

Le grand rabbin Gilles Bernheim à la Ghriba

DJERBA — Des milliers de juifs, parmi lesquels des Israéliens, ont accompli dimanche les rites du pèlerinage annuel de la Ghriba, la plus ancienne synagogue d'Afrique sur l'île de Djerba (500 km au sud de Tunis).

Entre rituels et fêtes, les visiteurs estimés à 6.000 par les organisateurs, ont séjourné dans des hôtels casher de l'île, placée sous haute surveillance durant le pèlerinage depuis l'attentat au camion-piégé revendiqué par Al-Qaïda (21 morts le 11 avril 2002).

Aux juifs de Tunisie et d'Europe, essentiellement de France, s'étaient joints selon les organisateurs un millier d'Israéliens, ayant transité par l'Egypte, la Turquie ou la Jordanie pour assister au rassemblement qui a débuté vendredi avant d'observer la pause du Shabbat.

"Un contingent important malgré la conjoncture", note un observateur assidu en référence au blocage du processus de paix entre Israël et les Palestiniens.

Perez Trabesli, chef de la communauté juive de Djerba et président de la Ghriba, a vainement espéré, comme chaque année, l'organisation de vols directs depuis Israël pour voir tripler le nombre d'Israéliens à Djerba.

Venue d'Israël via Paris, Sarra Hanoun, 55 ans, profitait de son premier pèlerinage pour rendre visite à ses amis et anciens voisins musulmans à Djerba, sa ville natale qu'elle a quittée il y a 20 ans.

"J'ai été comblée de retrouver certains d'entre eux", dit-elle ne tarissant pas d'éloges sur la traditionnelle "bonne entente" et "la convivialité" entre juifs et musulmans à Djerba.

Visiteur de marque, le grand rabbin de France Gilles Bernheim effectuait son premier déplacement à la Ghriba "pour transmettre un message de paix, de respect de l'autre". "Je suis très ému et très impressionné de la manière de vivre des juifs en Tunisie et de leur attachement rigoureux à une tradition millénaire", dit-il à l'AFP, en hommage à la "vitalité" de la communauté juive.

Invité à une pièce de théâtre sur la coexistence au sein de l'école mixte judéo-musulmane où les rôles et identités des élèves juifs et musulmans étaient inversés, M. Bernheim s'émeut d'"un profond attachement à ce qui est différent de soi en terme de culture et de religion".

Le grand rabbin de Londres Abraham Levy voit, quant à lui, dans le pèlerinage juif "un exemple de tolérance, meilleur moyen de lutte contre l'antisémitisme et l'islamophobie".

"C'est cette tolérance religieuse si chère à nos coeurs qui constitue le fondement même de ce pays", renchérit Monique Hayoun, témoignant d'une "réelle mixité entre les communautés" à Djerba comme à Nabeul, sa ville natale.

Clôturant le rassemblement, le grand rabbin Ain Bittan a dit une prière en hébreu pour le président Zine El Abidine Ben Ali et salué "un pèlerinage accompli dans la paix, sans exclusion". "Une preuve de respect des droits de l'homme et des minorités", a-t-il déclamé devant ses coreligionnaires rassemblés autour du sanctuaire bleu et blanc, dont la fondation, selon la tradition, remonte à 2.500 ans.

Le rituel auquel sacrifient les pèlerins consiste à allumer des bougies dans la synagogue, à formuler des voeux, à se faire bénir par les rabbins, en avalant des gorgées de Boukha (alcool de figue) accompagné de fruits secs.

Ils participent également à une kermesse-vente aux enchères au profit de la communauté juive et à une procession dans les rues alentours de la synagogue.

La communauté juive de Tunisie -- près d'un millier contre cent mille en 1956 -- participe activement au pèlerinage organisé chaque année au 33e jour de la Pâque juive.

dimanche 25 avril 2010

À Vichy, le grand rabbin rend hommage aux Justes

Le Figaro - 25/04/2010

Pour la première fois en 70 ans, un grand rabbin de France s'est rendu à Vichy, capitale du régime collaborationniste du maréchal Pétain. Ce dimanche, Journée des déportés, Gilles Bernheim a rendu hommage aux Français ayant caché des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

C'est une visite à très haute portée symbolique. Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, un grand rabbin de France est allé se recueillir à Vichy, qui devint en 1940 la capitale de l'Etat français du maréchal Pétain.

En cette Journée des déportés, Gilles Bernheim s'est tout d'abord rendu devant une maison où sa belle-mère avait été cachée entre 1939 et 1945 avec quinze autres membres de sa famille. «La mère de mon épouse doit sa vie, et la famille qu'elle a pu constituer après la guerre, pour mon plus grand bonheur, au fait qu'elle a été cachée ici pendant la Guerre» a-t-il souligné. Il a qualifié ce moment de «très émouvant».

«Nous ne devons pas oublier» les Justes

S'adressant ensuite à plusieurs centaines de personnes venues l'écouter, le grand rabbin de France a rendu un hommage appuyé aux Justes, ces Français ayant bravé l'autorité pour sauver des juifs. Il a rappelé que «les trois quarts de la communauté juive (avaient) survécu, notamment grâce à l'aide de familles françaises. (...) Nous ne devons pas oublier la fraternité et l'héroïsme de tous ces Français qui ont permis à des Juifs à survivre».

Gilles Bernheim a enfin lancé un appel au souvenir à l'occasion de la Journée des déportés. Pour lui, cette journée est l'occasion de nous «rappeler ce qui s'est passé sous le régime de Pétain, pendant lequel un quart des juifs français ont été arrêtés, dénoncés, déportés».

En 1940, 330.000 Juifs vivaient en France. Quelque 75.721 d'entre eux, parmi lesquels se trouvaient 11.400 enfants, ont été déportés vers les camps nazis. Entre 2.500 et 3.000 seulement ont survécu. Ce n'est qu'en 1995 que le président Jacques Chirac a reconnu pour la première fois au nom de la France la responsabilité de l'Etat dans la déportation des juifs.

En écho aux propos tenus par le rabbin ce dimanche dans l'Allier, le secrétaire d'Etat à la Défense, Hubert Falco, a affirmé dans un discours prononcé à Paris que «nous n'avions pas le droit d'oublier» la Shoah.

vendredi 23 avril 2010

Le grand rabbin de France se rendra à Vichy pour la journée des déportés

Le grand rabbin de France, Gilles Bernheim, doit se rendre à Vichy dimanche 25 avril, journée des déportés, une visite à très haute portée symbolique et la première d'un grand rabbin de France depuis la seconde guerre mondiale.

Dans ce chef-lieu de l'Allier, capitale de l'Etat français du maréchal Pétain, le rabbin Bernheim doit donner une conférence sur le thème "Juifs et Français, quelle position aujourd'hui ?". Cette visite a "une portée symbolique évidente, d'autant qu'il n'y avait pas eu de visite d'un grand rabbin de France à Vichy depuis la guerre", a déclaré Gilles Bernheim.

"Il faut, ajoute-t-il, rappeler que les Juifs de France gardent et garderont toujours en mémoire que si Vichy a abouti à une faillite morale, que si le gouvernement d'alors s'est déshonoré en contribuant à la perte d'un quart de la population juive de ce pays, les trois quarts doivent leur survie à la sympathie sincère des Français non-juifs et à leur solidarité agissante, surtout à partir du moment où ils ont compris que les familles juives tombées aux mains des Allemands étaient vouées à la mort."

Sur les 75 721 Juifs déportés de France vers les camps nazis, dont 11 400 enfants, entre 2 500 et 3 000 ont survécu. Il y avait en France 330 000 Juifs en 1940, dont 190 000 Français et 140 000 venus de Pologne et d'Europe de l'Est après 1914 ou d'Allemagne après l'arrivée de Hitler au pouvoir.

"La communauté juive de France, plus qu'aucune autre, sait que sa meilleure protection est son enracinement dans la communauté nationale et son attachement aux valeurs de liberté, égalité, fraternité. Elle épouse ces valeurs avec l'ensemble des Français et les défend avec eux", selon M. Bernheim. Il parle de "nécessaire et incessant combat pour la mémoire" parce que "ne rien oublier des heures sombres de notre histoire, c'est défendre une idée de l'homme, de sa dignité, de sa liberté". "Quand souffle l'esprit de la haine alimenté par la peur, quand des groupuscules se révèlent plus ou moins ouvertement racistes et antisémites, il me semble important de rappeler notre vigilance", souligne-t-il.

A Vichy, le grand rabbin déposera une gerbe devant une stèle à la mémoire des déportés. Le monument a été installé il y a cinq ans, à l'initiative de la communauté juive de la ville, devant l'Hôtel du Parc, où résidait le maréchal Pétain, et à deux pas du casino où l'Assemblée lui a attribué les pleins pouvoirs le 10 juillet 1940. Le ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux, doit assister à cette cérémonie, au côté du maire de Vichy, Claude Malhuret.

LEMONDE.FR avec AFP | 23.04.10